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Gang Starr › Hard To Earn

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EyeLovya      jeudi 28 septembre 2017 - 18:09
taliesin      jeudi 1 novembre 2012 - 17:00
nowyouknow      mardi 30 octobre 2012 - 14:11

cd • 17 titres • 58:57 min

  • 1Intro (The First Step)
  • 2ALONGWAYTOGO
  • 3Code Of The Streets
  • 4Brainstorm
  • 5Tonz 'O' Gunz
  • 6The Planet
  • 7Aiiight Chill...
  • 8Speak Ya Clout
  • 9DWYCK
  • 10Words From The Nutcracker
  • 11Mass Appeal
  • 12Blowin' Up The Spot
  • 13Suckas Need Bodyguards
  • 14Now You're Mine
  • 15Mostly Tha Voice
  • 16F.A.L.A.
  • 17Comin' For Datazz

informations

D&D Studios, 1992-1993

line up

DJ Premier (production), Guru (MC)

Musiciens additionnels : Jeru The Damaja (MC), Nice & Smooth (MC's), Melachi the Nutcracker (MC), Big Shug (MC)

chronique

Difficile de chroniquer du Gang Starr, en réalité. Parce que Gang Starr ne déchaîne aucune passion, aucun sentiment un tant soit peu enflammé. Gang Starr est une définition. Un mètre-étalon, plus précisément : celui du hip-hop east coast. Tu veux connaître le business du denim, t'étudies la coupe du 501 ; tu veux trouver l'équilibre dans tes goûts hip-hop 90's, t'écoutes ce Gang Starr, qui même s'il te captivera pas, te servira de centre de gravité pour savoir ce que tu vas aimer, autour. Tu aimes la pochette ? Moi aussi. On se fait toujours avoir par une pochette comme ça, une teinte rouge pétant, une pose à la tontons flingueurs. En plus question ambiance, matière, rugosité, échos et mécanismes internes, Hard To Earn est assez raccord avec le visuel : plus torve, sans doute le plus proche parent du Sun Rises In The East de Jeru que tous les autres Gang Starr. Rien que de très normal puisqu'il est sorti immédiatemment après, au moment ou Premier commence à être overbooké. Et comme le premier Jeru est l'album le plus sombre jamais produit par le parrain, ce Gangstarr est un peu le plus nocturne, ce qui en ces lieux est comme indiquer une préférence aveugle, ce qui n'est pas exactement le cas. Il est simplement d'égale qualité au précédent, un peu plus carré peut-être, moins boisé. L'intro donne le la, le crépitement morne d'un vinyle, un sample torve, suivi d'une des instrus les plus extraterrestres de Primo, "ALONGWAYTOGO", et son larsen persistant. Hard To Earn est aussi plus simple à chroniquer, parce que j'ai déjà dit ce qu'il y avait à dire sur Gangstarr dans les chros des deux premiers, que je n'ai rien d'intéressant à rajouter sur ce groupe à la fois ennuyeux et sévèrement burné... peut être aussi parce que celui-ci est encore plus "liquide" à écouter : il coule tout seul dans les oreilles, et on y trouve des miniatures quasi-parfaits dans des exercices devenus passages obligés ; "Aight Chill", compilation des messages laissés sur le repondeur de Premier (dont les services étaient comme on peut le constater très demandés, on notera l'apparition d'un certain Nasir Jones pour son premier album) sur un beat vieille école bien massif, est par exemple un des meilleurs trips du genre, symboles d'une époque révolue. "Speak Ya Clout" est, officieusement, un extrait du premier Jeru, "Suckas Need Bodyguards" un des rares morceaux de menace rap street venant de Gang Starr, un titre qui préfigure le style Mobb Deep dans toute son aura maléfique. Comme des pièges sournois sonnant le glas inévitable de la touche repeat, les instrus de Premier parlent à notre instinct hip-hop le plus primal. Stridentes, aigües, mornes. Primo et Guru invitent leur poulains de la Gangstarr Fundation à venir poser quelques rimes, le flow de Guru est encore plus rectiligne que jamais, exprimant autant d'émotions au micro que Takeshi Kitano dans Kikujiro, accentuant l'aspect binaire, froidement technique, de ce MC, sur lequel tout un chacun tentera, en vain, de trouver le génie lyrique, car Guru est avant tout un conteur détaché et mécanique, préférant souligner les instrus plutôt que de tenter de les dominer - ce qui serait vain. Hard To Earn, c'est le hip-hop new yorkais à la tonton comme sa pochette, présence discrète mais classe haute couture de businessmen pépères... une sorte de définition maîtrisée, épurée et sûre de sa force du hip-hop tel qu'ils le concevaient : efficace mais aristocrate, basique, mais sculpté avec soin maniaque. Un vrai putain de bon petit album que-t'as-pas-besoin-de-t'étendre-dessus-juste-tu-l'écoute-et-ça-boom-bap-et-ça-siffle... Guru ne fait encore une fois que jouer le jeu sans dépasser, sans rage ni vice, impassible, appuyant quelques métaphores ou pensées sociales, s'octroyant avec son absence de panache habituelle la place ingrate du co-pilote. Premier ne fait comme à son habitude qu'inviter à reconsidérer avec sérieux les théories de races supérieures pour les appliquer au domaine de la production... car il faut bien être un sale aryen du beat pour créer une instru comme celle de "Mass Appeal". D'ailleurs, il n'aurait jamais fallu qu'elle soit déflorée, les mystères entourant un simple son extrait de quelque 33 tours oublié issu de quelque obscure décennie, c'est aussi ça la magie hip-hop... La seule garantie que vous pouvez avoir en posant Hard To Earn sur la platine, est celle d'avoir un condensé de ce que l'instru east coast a offert de meilleur en 94 : des boucles minimalistes, opaques, puits de fascination pour le fétichiste. Somnifère ou paralytique, selon la réceptivité, la sensibilité de chacun. Austère. Stoïque.

note       Publiée le mardi 30 octobre 2012

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    commentaires

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    Rendez-Moi2 Envoyez un message privé àRendez-Moi2

    Code Of The Streets fait parti des beats qui me remettent en place sur Preemo ahah, ça mériterait une petite danse de Balkany.

    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    Effectivement s'il fallait n'en retenir qu'un ce se serait peut être celui là. Premier y prend une autre dimension, passant du statut d'artisan appliqué à celui de véritable crack. Le son est plus rugueux mais encore assez organique et le groupe, qui n'a pas encore achevé sa mutation vers la formule brillante (dans les deux sens du terme) du tout-clinquant-qui-claque de l'album suivant, sait encore se diversifier : Code Of The Streets, Brainstorm, Tonz'O Guns, The Planet... Ces morceaux se suivent et ne se ressemblent pas.

    Note donnée au disque :       
    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Écoute le premier Jeru The Damaja si tu as l'occase. C'est le même dans des souterrains new-yorkais avec des lumières étranges oranges ; ses mots sont des balles ; c'est Guru qui a becté un truc, il est devenu plus austère justement, et plus gros, comme Mario quand il gobe son champi ; c'est Super Gangstarr.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Raaaaah, Premier…. (j'l'aime bien moi, l'austère Guru. La référence à Kitano fait plaisir.)

    Cathedrale Envoyez un message privé àCathedrale

    5 boules, et jle réécoute. Merci pour cette chronique