Passant, si à mon instar tu raffoles de formations mêlant influences progressives occultes, vieux doom traditionnel et goût de l'ésotérisme, le tout avec chant féminin, arrête tes pas quelques instants afin que je puisse te vanter Jess and the Ancient Ones, combo finlandais que j'avais découvert via Youtube et dont je convoitais avidement la première offrande. Le décor paraît planté mais en réalité, le groupe va plus loin encore en multipliant davantage les références ; ils se définissent comme jouant du rock occulte, ce qui n'est pas si mal en définitive, avec la touche vintage en prime. Ecoutez donc le très bon 'Prayer for death and fire' : guitares hard rock, orgues aux relents anciens et une voix dans la lignée de Coven, Jefferson Airplane...Le cocktail est incisif et efficace. 'Twilight witchcraft' poursuit sur la même voie mais sur un ton légèrement plus menaçant, avec une rythmique roulante, rituelle, de superbes riffs soutenus en arrière-plan par l'orgue ; on ne pourra pas reprocher à Jess and the Ancient Ones de manquer de sens de la mélodie, c'est assurément une de leur grande qualité. La chanson suivante emprunte au rock progressif puisque durant près de douze minutes...Début calme au piano assez lambda, puis l'association guitare/orgue colore le paysage d'une touche mélancolique, permettant au chant de débuter, avant que la partie énergique n'éclate. Bien sûr, on y reconnaît un plan hard rock vintage typique mais une fois encore, l'efficacité vocale balaie tous les doutes, surtout que les enchaînements sont fluides et bien pensés. Passé cette première phase, après six minutes, l'ambiance se fait plus mystique, atmosphérique, renouant avec les thèmes du début avant un pont rythmique/orgue amenant le dénouement final, électrifiant en diable. Douze minutes qu'on ne voit pas passer. 'Ghost rider' se dévoile d'emblée plus sombre avec sa batterie roulante, ses variations ascendantes/descendantes légèrement heavy, équilibrées par les relents psychédéliques de l'orgue. Le climat paraît installé mais Jess and the Ancient Ones surprennent tout soudain leur monde avec un 'Devil (in G minor)' plutôt orienté blues, c'est groovy, prenant, un brin triste, merveilleux. Rien à dire je suis fan de ce timbre. Et pour finir une autre pièce de douze minutes débutant de manière un peu plate, je l'avoue, avec ses remugles de vieux slow. Ok, l'intro funèbre au clavier est très belle mais les tempi lents, les accords de guitare plutôt classiques dans l'écriture, le chant, laissent présager d'une ballade seventies sans grande saveur. Il n'en sera rien, après la septième minute, après quelques explosions/retombées, on comprend mieux où la formation voulait en venir et les trois ultimes minutes, plus héroïques, sont prenantes. Servi par une interprétation impeccable, une production efficace, ce disque fouille un passé prestigieux de Deep Purple, Black Sabbath, à Jefferson Airplane, avec une cohérence et une efficacité remarquable. Il faut dire que le combo s'est donné les moyens : sept membres dont trois guitaristes ! Qui plus est, l'album est disponible en version cd box ou en vinyle, on sent les esthètes...