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Bill Orcutt › How The Thing Sings
informations
Les médiators de la pochette sont signés.. Stevie Ray Vaughan.
line up
Bill Orcutt (guitare)
chronique
- blues nihiliste
Vous avez déjà entendu du blues nihiliste ? Moi non plus, avant Bill Orcutt. On le connaissait chez les insupportables Harry Pussy. Alors, ça m'a prit quelques temps avant que je m'y intéresse, à sa carrière solo. Un vrai drame. Jamais entendu un type jouer de la guitare acoustique avec une telle brutalité. Pas que de la dissonance, ça c'est facile, Derek Bailey a même écrit un bouquin là dessus – Derek Bailey dont nous sommes assez loin, quand même. Car c'est du blues, bon Dieu ! Du blues en phase terminale, qui ne respecte rien, notes, accords, mélodies. Éloigné de toute idée intellectuelle ou calculée, c'est de blues viscéral, primitif au sens le plus strict, dont il s'agit ici. Bordélique, et pourtant très technique, le jeu de Orcutt n'en finit pas de nous interroger : comment arrive-t-il à transmettre des émotions en jouant... de cette... manière ? Parce que c'est une véritable horreur, vous aviez bien compris. Une horreur qui, par le plus grand des hasards, sonne. Hasard ? Si ça n'était que sur ce disque, on aurait pu croire à un accident, un malentendu. Mais non, les autres sont du même acabits. Pire, il faut écouter ses reprises d'Over the Rainbow ou Crossroads ou encore l'hymne national américain, pour comprendre que ce type, derrière ses barrières de frisements, de claquages, de murmures et de gazouillis, derrière cette barrière presqu'infranchissable des notes frappées, torturées, à la limite de la rupture, et du pauvre corps meurtri de cette guitare aussi cheap que rêche et tordue, derrière tout ça oui, Orcutt y met tout son cœur et toute son âme, sa volonté. Authenticité n'est pas le mot : c'est bel et bien de vérité dont on parle ici. L'énorme contradiction de la passion maniaque et de l'instinct presque percussif du son (comment les choses sonnent, comment les cordes snnent) de laquelle la vérité s'extirpe, celle des origines de la musique, de ses secrets, de son mystère mis à nu. Orcutt est un baroudeur, un bluesman comme dans les années 30, mais d'aujourd'hui, le vingt et unième, avec la crasse, la démolition, les attentats et les immeubles en ruines, les cours de la Bourse qui tombent et repartent dans des courbes impossibles, l'art contemporain débile, la musique gratuite, les limousines, les campeurs devant des magasins de téléphones, les critères qualité, le sans engagement, les protocoles, la logistique, le DSM IV. La logistique, je préfère vous le dire maintenant, Orcutt vient de la démembrer en sodomisant ses restes froids. Sur Mego, bien entendu.
note Publiée le mardi 23 octobre 2012
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ouais, franchement... Le concert qu'il a donné à Lyon la semaine dernière était un truc assez exceptionnel (au sens où ça ressemble pas à grand-chose d'autre, aussi... Ou alors à John Fahey en morse spasmodique...). Et France... Je ne sais pas si c'est la peine de rappeler une fois de plus à quel point ça déboîte, en concert ?!
- saïmone › Envoyez un message privé àsaïmone
la chance
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Les, euh, Franciliens, eh... Vous ai-je dit que Bill Orcutt joue ce soir pas loin de vos foyers ? En plus avec France... C'est toujours là. Vous êtes libres, évidemment.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
En concert demain - jeudi 22/10 - près de Lyon, avec The House of John Player en première partie.
(Infos lieu/horaires à jesuisanxieux@gmail.com, pour ceux qui seraient dans le coin et que ça intéresserait).
- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
le Orcutt & Corsano qui vient de sortir bute bien, j'ai eu des frissons proches de ce que Harry pussy peut me procurer. Ca fait d'ailleurs penser à une version destructurée et un peu plus apaisée d'HP