Etonnante aura que celle de ce Satanic Sanction. Ce qui est, de l'aveu même de John Zewizz, un assemblage d'improvisations sonores auxquelles s'ajoutent le saxophone de Laura Chopelas et des récitations de versets sataniques s'est retrouvé considéré comme une des sorties les plus glauques et efficaces de la période occulte de Sleep Chamber. Sorti à l'origine en 12", il s'est vu réédité en CD vingt-deux années plus tard avec tant de pistes supplémentaires que l'on peut le considérer comme un album sans avoir à s'arracher les cheveux sur la question de sa durée. On a affaire ici à une forme hautement expérimentale, où le fond se mêle avec la sensation elle-même – musique acousmatique diabolique – qui pénètre par tous les pores, comme le font ces voix qui chuchotent ou scandent des textes terribles sur 'Reality Revealed' ou 'Prescription'. L'ambiance a quelque chose à voir avec les bouillonnements arcanes qui faisaient le bonheur de Korpses Katatonik, ou encore Sigillum S dans ses moments les plus calmes. Lorsque la tension monte, comme sur 'Ov this Flesh', on pense à une version pervertie des Themes de Psychic TV venus ratisser le fond des Enfers. Les titres supplémentaires dispensent tous une atmosphère lourde et noire mais leur minimalisme peut aussi rebuter ou ennuyer si l'on n'est pas dans une condition d'écoute adéquate. C'est d'autant plus dommage – cela donne l'impression d'un album qui commence très fort sur les premiers titres, promettant le meilleur pour la fin. Mais là où le Heteromorphonicks de Sigillum S (pour rester dans le même domaine) tient cette promesse Satanic Sanction tourne en rond sur sa seconde moitié et laisse penser qu'il se justifiait finalement mieux en format vinyle, cette dernière ne se concentrant que sur l'essentiel.