Amy Denio › Tongues

Artiste attachante quand on se laisse succomber aux charmes de sa musique, Amy Denio restera néanmoins étrangère à tout ceux qui se montreront farouchement réfractaires à son monde. Il est vrai que de prime abord, ses disques n'optent pas pour une différenciation marquée. Cela reste écoutable, mélodieux pour tout dire, tout en restant éloigné du calibrage radio. Pour cet essai coloré, plus que jamais Amy Denio s'inspire des folklores étrangers, arméniens et bulgares principalement, renforcés par la quasi omniprésence de l'accordéon. Si celui-ci donne à l'labum sa couleur orientale, il contribue aussi à l'assise d'une atmosphère de bal musette extra-terrestre, comme extraite de l'univers jaune sépia du "Delicatessen" de Jeunet & Caro (qu'est-ce que j'ai ces derniers temps à vous affubler de références cinématographiques ? Ce n'est pas le propos...). Dans ce sens, on peut rapprocher ce "Tongues" des derniers travaux de Biota ("Object Holder" et "Invisible Map") et l'on s'étonne d'ailleurs que le groupe ait fait appel à Suzanne Lewis plutôt qu'à elle pour leurs albums, tant le choix de Denio s'impose comme une évidence. Mélancolique, cet album se vit comme une réelle expérience personnelle et ne se révèlera qu'à celui qui veut bien lui ouvrir son coeur.