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Ringo Shiina › 勝訴ストリップ (Shôso Strip)

cd • 13 titres • 55:55 min

  • "1ère partie"
  • 1虚言症 / Pathological Liar05:26
  • 2浴室 / Bathroom (La Salle de Bain) 04:15
  • 3弁解ドビュッシー / Debussy Excuse 03:16
  • 4ギブス / Gips05:38
  • 5闇に降る雨 / A Driving Rain in Darkness05:03
  • 6アイデンティティ / Identity03:05
  • "pivot"
  • 7罪と罰 / Crime & Punishment05:32
  • "2ème Partie"
  • 8ストイシズム / Stoicism01:46
  • 9月に負け犬 / Moonlight & a Broken Man04:14
  • 10サカナ / Titbits - Fish03:43
  • 11病床パブリック / Public Sickbed03:16
  • 12本能 / Instinct04:14
  • 13依存症 / Dependent Personnality06:23

informations

Enregistré en été 1999 au Studio Terra et Kame-chan Studio, produit par Ringo Shiina et Seiji Kameda

L’album, un peu trop long et essoufflé vers la fin pour récolter la note maximale (et surtout au vu de ce qui suivra), est en réalité scindé en deux parties symétriques, concept inventé par Shiina et qu’elle réutilisera par la suite. La chanson pivot est la 7, Crime & Punishment (Tsumi to batsu). A partir de là, la piste 8 est censée refléter la piste 6, la 9 refléter la 5, etc… C’est parfois évident, parfois moins, ça permet en tout cas de séparer la première moitié époustouflante du disque avec la seconde, un peu plus convenue.

line up

Ringo Shiina (chant, piano, guitare électrique), Seiji Kameda (basse), Susumu Nishikawa (guitare électrique), Noriyasu Kawamura (batterie, tambourin), Koichi Asakura (percussions, batterie), Yukio Nagoshi (guitares électriques et acoustiques), Toshiyuki Mori (piano électrique), Nobuhiko Nakayama (programmation), Chieko Kinbara (cordes), Yuta Saito (synthétiseur, harpe), Masayuki Muraishi (batterie), Ittetsu Gen (cordes), Makoto Minagawa (tambourin), moOog yamamOTO (scratches), Benzie (guitare électrique, flute), Rino Tokitsu (samples vocaux), Yokan Mizue (trompette), Koichi Asakura aka Asa-Chang (batterie, percussions), Kenichi Asai (guitares electriques, flûte), Makoto Totani (guitares), Masayuki Muraishi (batterie), Makoto Minagawa (synthétiseur, choeurs), Toshiyuki Mori (piano)

chronique

  • jeune fille en fleurs du mal

Avant d’être une baronne jazzy et une geisha rebelle, Shiina Ringo était une ado insupportable. Insupportable, donc irrésistible. Tant et si bien que les instruments les plus bariolés se soumettent tous aux caprices de cette tornade d’énergie. Ces airs de gothic lolita sont faux et cachent une personnalité remuante et bien plus marquée que ce que « Muzai… » l’avait laissé voir. C’est ce qu’on constate sur l’ouverture, le géant Kyogenshou… Vertige et cascade de mensonges éhontés. Son élocution de moulin à parole lui permet de chanter des mélodies qui n’existent pas pendant que le décor bascule derrière elle dans un tohu-bohu absolument inavouable. Le genre de pucelle qui a déjà kické plusieurs mecs dans les couilles avant d’en avoir touché une seule… Et ça ne va pas en se calmant par la suite, au contraire, le rollercoaster accélère sans prévenir pour le frénétique Bathroom où une dynamique à la Björk surboostée semble se lacérer sous les attaques de la guitare opaline… Par la suite, Shiina n’en finira pas de réinterpréter ce titre en le ralentissant, cherchant à en extraire la profondeur. Pour l’instant, elle ne nous laisse en apercevoir que les dissonances et la basse survoltée, trop pressée qu’elle est pour en dévoiler les multiples détails, qui sont pourtant bien là. Benkai Debussy, paroxysme de ce démarrage en trombe, est aussi furibarde que la musique du compositeur français est pensive. La belle lâche les décibels, et ne peut réprimer le rictus inconscient de cette nappe de mellotron en fond qui grimace d’effroi. On monte le son à fond, histoire d’entendre rugir la basse, pendant que la pipelette est toujours occupée à nous raconter sa vie intime dans les détails. Il sera question de dépendance et d’abandon à l’autre, d’insatisfaction chronique, d’automutilation, d’ongles rongés, d’aquoibonisme voire de fatalisme… Après tout ce barouf, quand vient Gips en 3ème piste, l’humeur est boudeuse, maussade. Les parents de la petite Shiina l’ont expédié dans sa chambre, où elle se barricade derrière son verrou en plastique de style XIXème, puis se jette éperdument sur son poster de Kurt Cobain. Selon son humeur, elle est plutôt Radiohead, Nirvana, Red Hot, voire quelques accents jazzy par moments (« oh tiens, ça aussi ça me va bien, mais ça fait trop vieux, plus tard plus tard »), tout lui réussit, tout lui va bien, puisqu’elle n’est que travestissement permanent. Les portes du succès ne sont pas ouvertes devant elle, c’est mieux, elles l’aspirent avec avidité et lubricité tel un orifice béant. L’avenir est si sombre qu’elle doit porter une lampe de spéléologue… Déjà, de nombreux mercenaires de la scène rock nippone se pressent pour figurer sur le disque, et pas des plus mauvais : membres de Copass Grinderz, de Buffalo Daughter, quand ce n’est pas Kenichi Asai ou Asa-Chang eux-mêmes. Et puis il y a ce guitariste fou, Susumu Nishikawa, qui contribue à l’exubérance qui règne ici, et qui confine à l’hystérie sur certains titres, comme le maniaque Identity, réflexion sur le désarroi inhérent au statut de popstar au Japon. A trop vouloir se lâcher, et lâcher les décibels, petite Shiina se retrouve au bout de la laisse, ballottée tel un fétu de paille, et personne n’ose s’approcher pour savoir si ces cris dénotent la peur ou l’amusement. La même surprise à la première écoute devant le côté… punk (le mot est lâché) éclate sur Public Sickbed. Rétrospectivement, elle semblait bien mature et déterminée sur Muzai Moratorium… Ici, c’est une chipie qui ne sait pas ce qu’elle veut, pour notre plus grand délice. Alors elle coupe la patate chaude en deux, littéralement (voir le clip de Tsumi To Batsu) : Certes, elle va jouer la jeune femme en route vers la maturité jazz à voix grave… Le temps d’un couplet (Sakana/Fish, 10ème titre) ; pour mieux sauter pieds joints dans une chausse-trappe qui débouche sur un éboulis de basse plus baroque que jamais lors du refrain. Certes, elle va redonner à l’industrie de la j-pop un ou deux tubes à se mettre sous la dent, avec deux lignes de paroles niaises en anglais semi-criées d’une voix suggestive. Mais à côté, ce sera un déferlement de batterie saturée, d’envolées rageuses, de mélodies défigurées. Même un single comme ‘Driving rain in darkness’ peut se targuer d’un solo culotté en son milieu (Nishikawa, encore). Et puis, les vrais tubes inoubliables, ne sont-ce pas les deux premiers titres ? A la différence fondamentale de la plupart de ses autres travaux, Shôso Strip est baroque, noisy et excessif jusqu’à écœurement. Pas une seconde, pas un détail qui ne soit pas surchargé d’informations contradictoires. Globalement, que l’on tienne le compte ou se fie à l’humeur générale, la tendance qui domine nettement n’est pas celle de l’efficacité pop – pourtant indéniable – mais celle d’une grande instabilité, de sens à fleur de peau que Shiina et ses musiciens ont choisi de traduire par un volume sonore puissant et une rythmique tendue au possible, elle-même harcelée par un concert de sons électro bruitistes et de violoncelles vigoureux. On a le sentiment d’une superproduction déployant arrangements fastes et mélodies ultra entraînantes pour mieux pouvoir les saloper sans aucun répit par les sons urbains du centre-ville hystérique de Tokyo. Pas les petits gimmicks kawaï, non, le vrai stress angoissé du citadin, à l’esprit pollué comme cet album est pollué. Le pari était risqué, vu la formule pourtant particulièrement rodée du précédent opus. Shôso Strip (ou Shouso Strip selon la romanisation), est donc bien plus qu’une usine à tubes, c’est une chimère improbable, à la tête de princesse pomponnée et couronnée de fleurs et au corps en mutation permanente. Shouso Strip rue dans les brancards avec l’assurance et l’insolence des gamines qui sont déjà trop belles trop tôt sans l’avoir vu venir.

Très bon
      
Publiée le vendredi 16 novembre 2012

Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

chronique

  • shinjuku-kei bukkake pop

Guts of Darkness décline toute responsabilité pour tout dommage infligé aux tympans à la suite d'une écoute prolongée de l'album Shôso Strip de la compositrice/interprète/musicienne Yumiko Shiina, dite "Ringo", née le 25 Novembre 1978 à Fukuoka, province de Fukuoka, Japon. On vous aura prévenu. On viendra pas fournir les sonotones. Les Japonais font rarement dans l'entre-deux, c'est soit de l'épure, soit de l'hystérie et Ringo Shiina a très largement passé le mur du son, écoutez-ça au casque à vos propres risques et périls. Non pas que se soit simplement hyperactif, et ça l'est, mais tout est littéralement poussé à bout, c'est de la pop exaspérée, les guitares en permanence au bord de la rupture, les lignes de basses qui testent les ressorts anti-sismiques des gratte-ciels de Shinjuku, les synthés qui pilonnent les amplis, les beats qui tabassent comme à coups de battes de baseball dans un roman de Ryu Murakami, les cordes en boucle qui débordent en montée de pathos direct dans la stratosphère, les batteries qu'on croiraient défoncées par un Steven Drodz de la grande époque, les cuivres débordants de fuzz et les tambourins martyrisés qui vibrent en cadence. Et par dessus les colonnes de ce temple irradié, la voix de Ringo elle-même, de moins en moins aimable, stridulante, furie échappée de gorge profonde, arrogante d'assurance décalquée, voltigeant à l'envers au milieu des volutes soniques assourdissantes. Exception faite du single encore teinté d'Alanisette aïgue, et d'une intro en anglais toute pareille, la J-pop du premier album se retrouve triturée, abusée, déchiquetée, pilonnée jusqu'à ne plus ressembler à rien d'autre qu'à Ringo Shiina : de la pop démente et démentielle. Peu d'artiste populaire, car sa renommée sur l'archipel ne se limite pas à une audience culte et élitiste, proposent à ce point une vision dérangée et fondamentalement expérimentale de la pop-musique. Les mélodies sont là, et pas des moindres, une série de bombes aveuglantes qui pourraient aisément répandre une Ringomania sur la planète si elle ne s'était pas cantonnée sur son chapelet d'îles, sans doute sentant bien que l'occidentalocentrisme de l'industrie musicale ne sied guère à une conquête du monde scandée en Nihongo. Quels effets secondaires provoqueraient pourtant ces extraordinaires mille-feuilles surprise nappés de démesure saturée si les critiques et les goûteurs de pop tout autour de la planète tombaient dessus par mégarde ? Merzbow, c'est bien pour faire chier ses voisins, mais ça ressemble quand même un peu trop au fâcheux qui fait ses travaux le Dimanche matin. Ringo Shiina fera le même effets sur le voisinage, avec les mélodies en plus. Un tremblement de terre à hurler sous sa douche, des ritournelles punk-pop débiles sous hélium sacrifiée à une électro lobotomisée "Stoicism", des envolées de kayokyoku psyché dramatiques si denses qu'elles s'effondrent sur elles-mêmes "Crime & Punishment", des tubes de pop-rock indés gonflés au stéroïdes de contrebande "Identity", des ballades baroques de boîtes de jazz sismiques "Tidbits - Fish", du trop plein, de partout, en permanence, un flux ininterrompu dans la tronche, un rayonnement orgasmico-sonique qui déchausse la boite crânienne, tous les instruments vous innondent d'hectolitres de décibels assourdissants, c'est la bukkake-pop de Shinjuku. Toute métaphore sexuelle gluante mise à part, Shôso Strip contient de toute façon le pourvoyeur de jouissance à répétition incontestable qui lui assure le statut d'album indispensable, le redoutable "Bathroom", dès le beat technoïde et sa rythmique qui rend fou, dès la basse ondulante et turgescente, dès l'entrée du chant sûr de son coup et avant la montée au ciel du refrain, pour ses éruptions dissonantes, pour sa sensualité fragile et pour ses fulgurances aériennes, pour ses claques sèches de beats et de piano qui fouettent les sangs, pour sa coda perdue dans l'éther et ses glissements de harpes, un morceau qui fait déjà de Ringo Shiina l'égale des plus grandes, et tant pis si l'Occident l'ignore encore. Mais attention, pour une dernière fois, on vous aura prévenu : c'est bon, mais ça rend sourd.

Très bon
      
Publiée le vendredi 16 novembre 2012

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Cera Envoyez un message privé àCera

aller, je lache la dernière boule

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Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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Quelle tuerie quand même... Sound design exceptionnel, arrangement du feu de dieu et Sheena toujours aussi fraiche! Franchement j'ai tellement rien à redire, ça serait dur de m'imaginer lui mettre moins que la note maximale.

Message édité le 11-04-2022 à 19:04 par Cinabre

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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oh non, enfoirés de japonais : https://youtu.be/CnUOowCUJQo

j'avais réussi à chasser cette image de mon cerveau, mais non. Le fantasme du couteau qui coupe tout, très bien décrit par Dali dans je ne sais quelle interview.

(pour rappel : https://www.youtube.com/watch?v=dSXvVmwJxh4 )

salauds.

Cera Envoyez un message privé àCera

Je m'étais Bêtement arrêté à son excellent album de 2003 (karuki chépluquoi). Faut vraiment creuser les autres aussi, elle est hyper addictive la Shiina !

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Int Envoyez un message privé àInt

Aïe, ça fait mal d'entendre ça en effet...

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