Kamkars ensemble › Shouri Digar

A force de coller des 6 à toutes mes chroniques iraniennes – enfin, pour beaucoup – vous allez me prendre pour un fanatique. Et depuis qu'un lecteur m'a averti que Guts apparaît sur la première page Google dans les recherches de certains artistes, c'est la consécration et la grosse pression. Faut pas trop que j'dise de conneries. Mais surtout, il faut bien que je parle de ces musiques traditionnelles qui ennuient, il faut que le lecteur fasse la différence. C'est le cas du Kamkars Ensemble, un groupe qui affiche clairement sa volonté grand public et ses origines kurdes – je sens déjà que si je parle des kurdes comme iraniens, ça va chier pour moi – car là bas aussi on fonctionne en héritage (les Kamkars sont une famille). Onze membres de la même famille, donc, tous virtuoses, ou presque. Je dirais bien que c'est là que le bât blesse, car la musique de l'ensemble est foncièrement académique, voire administrative. Rien qui ne la différencie fondamentalement de la musique de films qui se déroulent en Turquie et du fond musique au kebab du coin. Les Kamkars, à cet égard, sentent un peu le graillon, la sauce grasse, les piments. C'est bon, ça goinfre, c'est épais, bourratif. Ecoeurant, un peu. Pour ma part, deux heures de concerts des Kamkars, j'en peux plus. C'est rempli vraiment jusqu'à la gueule, là on se fout pas de toi. C'est dansant, pas de doutes. C'est peut être ça, qui me dérange : si je n'arrive pas objectivement à trouver de véritables défauts à ce disque (et, donc, à ce groupe), c'est que ce n'est pas ce que je recherche dans les musiques traditionnelles, à savoir quelque chose de plus méditatif, viscéral. C'est ce qui doit faire son défaut mais aussi sa qualité, aux Kamkars : son classicisme. Pour ma part, je ne l'écoute pratiquement jamais.