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The Flaming Lips › The Soft Bulletin

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Membre Note Date
Aladdin_Sane      dimanche 8 mars 2015 - 00:22
Solvant      vendredi 12 octobre 2012 - 22:45
EyeLovya      samedi 6 juin 2020 - 16:39
Seijitsu      lundi 3 mars 2014 - 14:31

cd • 14 titres • 58:26 min

  • 1Race For The Prize
  • 2A Spoonful Weighs A Ton
  • 3The Spark That Bled
  • 4Slow Motion
  • 5What Is The Light?
  • 6The Observer
  • 7Waitin' For A Superman
  • 8Suddenly Everything Has Changed
  • 9The Gash
  • 10Feeling Yourself Disintegrate
  • 11Sleeping On The Roof
  • 12Race For The Prize (single version)
  • 13Waitin' For A Superman (single version)
  • 14Buggin'

informations

Produit par Dave Fridmann, Scott Booker et les Flaming Lips - Enregistré et mixé par Dave Fridmann d'Avril 1997 à Février 1999 (!), à Cassadaga, New York, USA - Masterisé par Steve Hall à Future Disc Systems - Production et mix additionnels par Peter Mokran

Photo de pochette par Lawrence Schiller, 1966 - Design par George Salisbury - Il existe 3 tracklistes différentes de cet album, dès sa parution (sans compter, donc la réédition dvd 5.1). La version US semble un peu plus cohérente en intégrant Buggin' et Spiderbite Song (inédite de la version euro, chroniquée ici) respectivement en 5è et 4è piste, laissant les deux titres version single en bonus. Il manque par contre la chanson "Slow Motion". La version vinyle intègre toutes les chansons sauf les bonus. En tout cas la version euro s'écoule avec fluidité malgré les bonus.

line up

Wayne Coyne (songwriting, chant, guitare, percussions), Michael Ivins (basse, choeurs), Steven Drozd (songwriting, guitares, harmonies vocales d'accompagnement, claviers, synthetiseurs, batterie, xylophone, glockenspiel, pedal steel guitare pedal steel accordée unison)

Musiciens additionnels : Scott Bennett (basse additionnelle sur le remix de Waiting for superman)

chronique

Aux antipodes des ravins vertigineux et enflés de lave incandescente de Zaireeka, leur monstre d’album précédent (que je chéris), Soft Bulletin témoigne du miracle d’une mue improbable : les Flaming Lips, le dernier des derniers groupes de losers du début des années 80, les freaks cramés incapables de jouer juste, transcendés en orfèvres de Baroque Pop aux arrangements hollywoodiens et à l’écriture lumineuse ! Et encore, en fait d’hollywoodien, il faudrait parler du rêve que l’on peut avoir gamin devant un vieux Disney ou un Spielberg ; et en fait de lumineuse, l’écriture vire régulièrement à l’éblouissement frontal lors de certains refrains, sursauts épiques qui ont fait lever quelques poings dans les chambrettes d’amérique. « Euréka ! » semble s’écrier Coyne à chaque fin de phrase. Alors, comme on a envie de comprendre la raison de tant de faste, on lit les paroles… Il y est question de héros qui soulèvent le soleil, de héros ordinaires qui rangent leurs légumes dans leur frigo en rentrant chez eux, mais que Wayne Coyne raconte ici avec une emphase digne des Dieux romains. Chez les Flaming Lips, la science, Dieu et la magie ne forment qu’un seul et même concept. Les petites gens sont divinisés et Superman perd ses moyens. Il y aurait de quoi écrire une thèse sur les paroles de ce veritable album concept, mais j’y reviendrai. Musicalement, c’est simple et limpide, le groupe a accouché de son grand œuvre, et Dave Friedmann de la pièce maîtresse de son travail de producteur. Comme toujours, il a mis en valeur les contrastes, ici exacerbés sous la forme d’envolées symphoniques (mellotrons, orchestre, effets psychédéliques, tout y passe), confrontées, donc, à la gravité qui s’exprime à travers cette batterie ‘Intheairtonight-ienne’ (Race For The Prize, ça débouche les oreilles de vos voisins de 3 étages au dessus) et cette basse qui déploie des trésors de contrepoint mélodique McCartniens, Entwistliens. Quand ce n’est pas tout simplement la gravité elle-même qui vient gronder nos Icare de son baryton cartoonesque (le refrain instrumental complètement fou de Spoonful Weighs a Ton, où dans une moindre mesure le ralentissement de Suddenly…). L’expression certes galvaudée « une idée par plan » prend vraiment tout son sens ici. Par exemple, cette rythmique à la bouche sur le démentiel Feeling Yourself Disintegrate, à l’unisson avec cette petite gratte folky… Oui, le goût des ornements acoustiques sur fond orchestral de l’indie US prend racine ici. Malgré ce petit instant de beat-box, les touches d’humour si habituelles du groupe sont un peu absentes ici. C’est que les Lips jouent là leur dernier va-tout. Eux aussi ne sont « que des humains avec femmes et enfants » désormais, et il faut qu’ils commencent à gagner du blé où qu’ils retournent à la vie civile, après 25 ans de galère. Alors ce Race for The Prize frondeur et déployant des trésors de mélodie pour accrocher les foules, c’est un peu leur histoire à eux aussi. Les scientifiques restés enfermés 2 ans dans leur labo-studio, c’est un peu eux. Le parallèle avec le pharaonique California de Mr Bungle, la même année, est tentant. Ici aussi, on dirait que la Warner Bros a mis les moyens d’une superproduction. D’ailleurs, du petit logo WB aux crédits dans le livret, tout rappelle une affiche de film, même si c’est plutôt du genre Barbet Schroeder. Et lors des gracieux passages instrumentaux, prolongements mystérieux des morceaux (The Observer), on sent vibrer toute la fibre cinématographique du groupe. Après ce plan panoramique, la face B semble se poser un peu pour nous dire quelque chose. C’est presque avec déception qu’on accueille la très conventionnelle Waitin’ for Superman, avant de se laisser piéger par sa mélodie doucereuse et surtout ses paroles… Les Flaming Lips chantent, avec une candeur de gamins curieux, la condition humaine aux prises avec ses propres limites, quand ce qu’elle a bâti se retourne contre elle. « Regarde, tout va bien, papa viendra pas te sauver, t’es juste seul au monde, ça va aller », semble dire Coyne de sa voix de renard triste-joyeux. Une voix qui porte en elle le paradoxe. Alors que la descente chromatique terminant Suddenly semble annoncer un autre palier dans l’introspection, paf, voilà qu’ils balancent The Gash, énorme hymne gospel sur fond de batterie guerrière, aux manipulations de voix inouïes (avant et depuis)… C’est psychédélique, à la fois baba cool et terriblement futuriste, tellement over-the-top que c’en est purement tubesque. Bien sûr, là, les paroles se font un peu trop Spielbergiennes et nunuches, mais – contrastes, équilibres et paradoxes, toujours – voilà que démarre Feeling Yourself Disintegrate… Que c’est dur de mourir pour un américain. Cette fois, la montée est progressive, semble ne pas vouloir s’arrêter avant les étoiles. Oui, c’est bien la magie de Zaireeka qu’on retrouve ici, la sensation de s’évaporer telle une aurore boréale, dans un mouvement expansif, lent mais incontrôlé… Sleeping on the roof nous laisse sur une dernière image, celle des dernières poussières d’âme s’élevant au dessus des criquets et des lucioles… Alors oui, Soft Bulletin est un album en forme de victoire, un album béat, c’est un euphémisme. Pourtant, derrière le concept "la science, l’univers, l’homme-Dieu et sa chute, etc", il y a comme une vague angoisse qui flotte en filigrane ici, et ce n’est pas la peur millénariste, les Flaming Lips étant déjà revenus de pas mal de décombres à ce stade. Non, ce que Soft Bulletin semble appréhender c’est… Le 11 septembre 2001. Difficile, a posteriori, de ne pas voir les pompiers New Yorkais tant adulés dans A Spoonful Weighs a Ton, l’obsession de l’ennemi intérieur dans Spark that Bled (‘what kind of weapons have they got’, haha) l’Amérique qui s’effondre dans Waiting for Superman (on peut y projeter aussi bien le loser Bush que le finalement ‘seulement’ humain Obama) ou encore la catastrophe débarquant sur les télés dans ce Suddenly Everything Has Changed (‘the sky accelerates’), avant le chant de guerre (The Gash, qui parle d’explosions, de volontaires combattant jusqu’à la fin…) et enfin la mort. Et devinez où les natifs d’Oklahoma ont enregistré ? Bien sûr, les Flaming Lips n’ont jamais fait que parler de leur pays, mais après tout ce n’est pas pour rien si Soft Bulletin a quasiment défini l’Indie pop américaine des années 2000. Il faut l’avoir écouté pour comprendre cette mode des voix aigues, ce côté décomplexé envers la grandiloquence, ce dédain des guitares si populaires dans les années 90, ce sentimentalisme un peu hippie foufou qui sonne régressif chez tous les suiveurs. Pour les Flaming Lips, il était l’expression d’une maturité arrivée bien tard, qui fit d’eux à partir de ce moment-là des intouchables aux USA. Pour les avoir vus sur scène quelques années après, il faut reconnaître qu’on peut difficilement atteindre un groupe qui plane aussi haut que ça

note       Publiée le vendredi 12 octobre 2012

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    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    Je le trouve plutôt bon le nouvel album "American Head", ils retrouvent la lignée des albums à chansons (Soft Bulletin, Yoshimi...)

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    La boucle est bouclée, ayant eu l'épiphanie du Soft Bulletin pendant un autre été de canicule, il y a bien des années, le revoilà qui pointe le bout de son nez. Ça n'allait pas de soi, la première fois que j'ai vu les Lips à lé télé interpréter "Waitin' for a Superman", j'ai cru à une mauvaise blague. Et pourtant, ça fait plus que fleurter avec le sublime. C'est aussi le dernier album des Lips où ils sont encore plus ou moins dans la même lignée que Mercury Rev, leurs homologues New-Yorkais en prophètes du renouveau psychédélique, leur trajectoire va totalement se séparer ensuite. "Suddenly, everything has changed"... pas tant que ça, mais quand même un peu tout, oui (même si finalement c'est avec Yoshimi que les Lips entrent dans une nouvelle période). Quel son, mais quel son ! "Feeling Yourself Disintegrate" + "Sleeping On The Roof", à écouter en se dissolvant dans les étoiles...

    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    Même si le groupe me fatigue un peu sur ses dernières productions, à cette époque ils avaient atteint une sorte de sommet artistique qui se prolongera sur quelques albums suivants (notamment le trés beau Yoshimi).

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    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    Je sais pas ce que ça raconte et je m'en fous mais voilà ce que je voudrai à mon putain d'enterrement à moi https://www.youtube.com/watch?v=wROsW8vjXjI

    et les Flaming Lips sont clairement dans la lignée par moment... (Spark that bled et toutes les ballades aériennes du milieu de l'album)

    Solvant Envoyez un message privé àSolvant

    Mon 1er Lips, la discographie est échevelée, ça va dans tous les sens, c'est plein de lumières, d'intimités & de grandiloquences, ça plane loin ! Un groupe dont on reparlera encore dans 50 ans.

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