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Kim Ki O › ZAN

cd • 10 titres • 41:21 min

  • 1İmam Mikrofonu Açık Unutursa (Intro)1:39
  • 2Son Hata5:56
  • 3Zan4:32
  • 4Sanki Hiç Durmadı5:37
  • 5Rekabet İstemiyorum2:52
  • 6Gülmek Yasaktı6:08
  • 7Fiyasko3:35
  • 8Optimism of Uncertainty2:59
  • 9Hedefleri Yak Da Gel3:45
  • 10Öyle Düştün Yere4:25

informations

Enregistré à Istanbul en Février 2017. Mixage et masterisation par Burak Tamer.

line up

Ekin Sanaç, Berna Göl

chronique

  • minimal post-punk

Quand l’imam laisse ouvert le micro, que se passe-t-il ? Des jeunes filles s’insinuent et c’est Flashdance dans le minaret ! Anecdote véridique entendue en introduction. Une façon de s’approprier les outils de l’injonction, d’y faire passer la joie, la vie. C’est un peu tout l’art de Kim Ki O, prendre une matière froide et monochrome et la modeler au gré de sa mélancolie ou son envie de danser, quitte à faire passer l’une dans l’autre. Rien n’a changé dans la formule du duo stambouliote, toujours basée sur un minimalisme de moyens en triangulation basse/claviers/boite à rythme, sinon qu’après plus de dix ans d’activité musicale transgressive par nature, le son de Kim Ki O est plus expansif que jamais. Les morceaux semblent se déplier dans l’espace avec une ampleur plus vaste, les mélodies sont les plus accrocheuses qu’elles aient composées malgré leur spleen vaporeux. Si la rythmique impose son habituel groove rigide, c’est le son de claviers qui fait la différence, peut-être grâce au mastering cristallin de Burak Tamer (moitié du duo électronicien expérimental Reverie Falls on All et ex-Replikas), une sorte de souffle constant et puissant qui survole la ville en longues vagues par dessus les systèmes de surveillances, annulant la gravité de la vie urbaine d’Istanbul, pénétrant par le biais de mélodies simples et tristes dans les cœurs lourds. Reprendre possession de l’espace, c’est bien l’idée d’une conquête pour les femmes, en Turquie comme tout ailleurs, illustrée dans le merveilleux clip de « Sanki Hiç Durmadı », où une jeune femme à l’étrange maquillage, un peu alien, se promène de nuit dans une Istanbul dévitalisée avec un micro et un ampli pour se réapproprier les rues, y danser n’importe où et s’exprimer comme bon lui chante, en surveillant toujours du coin de l’œil la sanction qui pourrait lui tomber dessus. Le morceau est par ailleurs une bombinette de post-punk synthétique aux paroles politiques désenchantées qui mérite un statut de classique contemporain du genre, avec des voix à peine étouffées, un peu nasillardes comme entendue à travers ce micro de mosquée laissé ouvert par inadvertance, interstices dans lesquels se glissent les femmes qui ne s’en laissent plus conter. Successions d’instrumentaux à la beauté volatile, de transes électroniques mini-indus et de morceaux aux titres amères, « fiasco », « dernière erreur », « suspicion », « alors tu es tombée au sol », on croirait une collection de vocables tirés de chez Beckett, produit d’années terribles pour la Turquie, ZAN illustre le cliché qui veut que les pires conditions produisent souvent les manifestations artistiques les plus fructueuses. Kim Ki O signe son album le plus abouti, le plus beau, le plus efficace aussi dans un créneau de post-punk minimal qui n’oublie ni les mélodies ni l’envie irrépressible de danser, tant qu’il est encore temps.

note       Publiée le mardi 19 décembre 2017

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