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Deux › Agglomérat

cd • 16 titres • 65:42 min

  • 1Justice Injustice (Cold Universe Mix)03:54
  • 2Dance With Me04:02
  • 3Felicita03:02
  • 4Minimaliste02:26
  • 5Le Couloir03:38
  • 6Game And Performance03:35
  • 7Le Camion05:28
  • 8Paris Orly04:21
  • 9Decadence03:21
  • 10Sex And Trouble04:14
  • 11Uncle Albert05:16
  • 12Golden Dreams06:44
  • 13Game And Performance (Solo)02:57
  • 14Sailor04:13
  • 15Everybody's Night05:14
  • 16Ministry Of Love03:19

informations

Titres enregistrés entre 1982 et 1992.

Une autre compilation a été éditée par le label Minimal Wave en 2010 mais ne comporte que les titres enregistrés entre 82 et 85, tous déjà inclus sur Agglomérat.

line up

Cati Tête, Gérard Pelletier

Musiciens additionnels : X (guitare 12), Valérie de Varennes (choeurs)

chronique

  • minimal wave culte

Le manque de moyen a toujours été une excuse de feignant. Il suffit de remonter à une époque où la technologie était autrement plus rudimentaire pour s'en rendre compte, on pouvait faire beaucoup avec peu de choses. C'est vrai pour les musiques avec guitares en bois d'arbre et percussions en peau de chèvre aussi bien que pour les celles avec boites à rythme à pédale et synthétiseurs à monter soi-même, genre Légo Technic. Du manque de moyen on peut toujours en faire une esthétique, un choix conscient de creuser une veine minimaliste, les contraintes comme vecteur de création. Rétrospectivement, il est bien chic d'appeler ces pionniers d'une électro-pop froide et ténue minimal wave, mais la réalité est qu'ils devaient faire avec ce qu'ils avaient sous la main. Et quitte à prendre le contre-pied du clinquant des années en cours en piochant chez les grands anciens, allemands ou new-yorkais, autant y aller à fond dans le moins. Un garçon, une fille, ils sont deux, ils seront Deux, difficile de faire plus concis, plus peu. Le robotique Gérard Pelletier, une silhouette à tripoter des machines dans l'ombre, et Cati Tête, son look tellement en vogue à l'époque, cheveux court et androgynie détachée qui aurait rendu folle toutes les Miss Kittin en herbe. Des jeunes gens modernes au sex-appeal dans le vague. Quelques titres qui sortiront ça et là, pas des mp3, des 45 tours les enfants, ou des titres sortis en compilation sur des cassettes, à partir d'une Lyon qu'on imagine plongée dans la froidure. Et dans le lot un morceau un peu culte, surtout depuis qu'il ressort à gogo sur toutes les anthologies pointues de ces années versant glauquerie clignotante, l'inévitable "Game & Performance", tournerie redoutable d'électro-pop congelée et machinique, duo au débit d'androïdes mélancoliques et refrain technoïde qui a de quoi faire pâlir d'envie toute la cohorte electroclash qui a émergé à l'orée du nouveau millénaire. Morceau de loin le mieux produit du groupe, qu'on retrouve en version démo presque susurrée par un Pelletier seul derrière ses machines, déjà parfaite et chargée de vague à l'âme synthétique. Car Deux sont du genre à faire chavirer les diodes sur des ritournelles évidentes et un peu tristos, baignées de lumière aux néons, relents d'ultra-moderne solitude, "Le Couloir" et ses paroles simplement désabusées, mémoire vive des ordinateurs pleine de vide, tourner en rond dans son petit espace comme cette boucle sans issue "On ne peut pas réussir à tous les coups". Peu de notes, peu de mots, comme "Minimaliste", manière de déclaration d'intention avec référence vintage (ah, le mastermind), mélange des genres et sexualité morose. Deux s'essayent un peu à tout, le baroque foncièrement flippé, "Felicita" et ses synthés secoués dans tous les sens qui ferait un excellent thème pour jeu vidéo d'horreur 8 bits; synth-pop qui groove bien raide mélangeant fausse candeur de l'époque et fétichisme aéronautique rêveur "Paris-Orly"; ballade électro-cold-wave cryptique au teint blafard, "Le Camion". Les enregistrements sentent le souffle, les voix chantent en anglais avec les même limitations que celles de leur matos, mais il s'en dégage un charme absolu qui ne vient pas d'un exotisme ou d'une nostalgie mal placée. A quelques exceptions près qui sentent un peu trop le goût gentiment niais de la saison (dont ne sont pas exempts même les meilleurs groupes du genre), c'est bel et bien la qualité des compositions et la personnalité du duo qui fait son oeuvre, on y trouve répartis jusqu'au début des années 90 des exemples flagrants de proto-techno qui auraient pu, du, devenir culte, un "Sex And Trouble" ou "Everybody's Night" qui constituent des pendants miniaturisés plus qu'honorables à certains classiques de Detroit, un "Golden Dreams" qui respire des effluves lointaines de house dans sa synth-pop flottante, et des instrumentaux atmosphériques ou salement groovy qui auraient pu se jouer à l'Hacienda, "Ministry of Love". Et au milieu, une étrange anomalie fascinante, "Uncle Albert", pièce quasi-ambient de collage sonores inquiétants, voix désagrégées, rythmique émergeant à peine, le mot "destruction" qui vient faire surface comme une menace latente, leitmotiv de piano au coeur gros, et une formule mystérieuse "when uncle Albert plays his saxophone…". Qui sait ce que ces Deux-là auraient encore pu produire comme petits sortilèges miraculeux, comme tueries pour dancefloor d'appartement dans la pénombre, comme bande-son pour porno rétro-cybernétique. Mais il reste déjà ces traces-là. C'est peu et c'est beaucoup à la fois. Un peu comme eux.

note       Publiée le mardi 25 septembre 2012

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    Hazincourt Envoyez un message privé àHazincourt

    "Décadence Sincérité Bonne ambiance Et volupté Pourquoi chercher loin pourquoi chercher loin ce qu'on a en vain essayé de retrouver"

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
    avatar

    Dans ma playlist pour bébé, ca passe tout seul.

    Hazincourt Envoyez un message privé àHazincourt

    Ils étaient très fort ! je trouve toujours leurs morceaux d'une grande fraîcheur, ce disque me donne toujours le moral :)

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Excellente compile en effet, ils savaient bien varier leur jeu, entre les titres spleen et ceux plus dansant - il y a meme un morceau qui tire bien sur l'EBM.

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    "When Uncle Albert plays his saxophone.... destruction..." Aucune idée d'où vient le pouvoir de fascination qu'à ce morceau sur moi, mais il ne s'est pas évaporé avec le temps.