Bola › Soup

Soup fait partie de ces disques qui me font pleurer de joie tant leur beauté paraît évidente et chaleureuse, et ce avec une richesse et une profondeur analogue à celle des vieux Autechre ou Xingu Hill. Le premier titre, 'Glink', n'est qu'un long crescendo qui vous soulève tranquillement et vous propulse au dessus d'une mer de nappes flottantes sur un rythme lent mais porteur. On n'est ici sous l'emprise d'aucun style si ce n'est celui de la musique électronique dans son ensemble, et de ce que son immatérialisme peut offrir de meilleur : un coin de paradis synthétique dans lequel on s'immerge corps et âme. Pour certains Bola c'est de la science-fiction, en ce cas 'Versivo' vous fait visiter le vaisseau spatial tandis que la trilogie 'Forcasa' vous montre les scientillement des constellations dans ce qu'elles ont de plus merveilleux. Pour d'autres Bola nous plonge dans les profondeurs des mers et en ce cas 'Forcasa' nous parle de la vie des récifs, 'Amnion' nous promène le long des rifts sous-marins, les ténèbres en dessous tandis que 'Whoblo' nous ramène tranquillement à la surface. Soup offre tout ce que vous venez y chercher. C'est une charpente hors du temps et des modes, peut-être encore plus universelle que Fyuti qui lui fera suite car moins directe et plus évasive, le talent de Darrel Fitton consistant à s'effacer derrière sa musique, opérant dans l'ombre avec la bienveillance d'un parent assis au square, comme si les mélodies et les rythmes jouaient entre eux sans efforts, le plus naturellement du monde.