Shellac › At Action Park

Combien d'albums présents sur ce site ont été le fruit de la production toujours adéquate de monsieur Steve Albini ? Il était donc temps de s'attarder sur son propre travail. Et Shellac, après Big Black et Rapeman, est la formation dans laquelle il s'est épanoui le plus. De sa guitare acérée, incisive, sursaturée mais claire, et son chant toujours aussi extatique, il vient compléter ce super trio noisecore où il est rejoint par les non moins fameux Todd Trainer (de Brick Layer Cake), batteur métronomique, et Bob Weston (de Volcano Suns), bassiste ample et puissant à la fois. "At Action Park" tire à boulet rouge ; "My Black Ass" ouvre les festivités en mettant en place tous les éléments précités dans cet ordre bien précis. Le titre avance, rampe pour tout dire, et s'insinue très rapidement dans nos esprits fragiles. Après la mise en jambe de l'instrumental "Pull the Cup", Shellac revient avec ce gros son (basse, batterie et guitare n'ont jamais si bien sonnées ensemble) et son énergie teintée de fatalisme fait des ravages. C'est "The Admiral", "Crow", "Song of the Minerals" et "A Minute", et son jeu saccadé, superbe tir groupé, âpre et rauque, qui, au beau milieu du parcours, donne toute sa consistance à cet album. "Dog and Pony Show" est tout aussi implaccable et "Boche's Dick" séduit par cette complémentarité infaillible entre les instruments à cordes qui se déchaînent sans retenue. Ce premier jet se referme sur "Il Porno Star", la pièce la plus ambitieuse du lot, avec ses jeux de chassé croisés percutants, corroborant de toute évidence les notes de pochettes où les musiciens s'attribuent les rôles suivants : Bob Weston = masse, Steve Albini = vélocité, Todd Trainer = temps. Tout un programme...