France › France

Difficile de poser des mots précis sur la musique de France. J’en suis pour ma part incapable. Non pas que son formalisme échappe à toute analyse, ni même que sa mécanique demeure confuse. Véritablement, ce qui est troublant ici, c’est cet état second qu’elle parvient à engendrer (une quasi-béatitude), et surtout, une fois le sillon parcouru, le sentiment d’avoir été en présence d’un phénomène qui de loin dépasse son dispositif. Concrètement, France se présente en trio singulier, puisqu’au traditionnel basse+batterie est adjointe une vielle à roue, dont les propriétés bourdonnantes sont exploitées. Le morceau, long, s’articule autour d’une boucle rythmique, dont la progression prend appui sur les micro-variations tonales de la vielle. Fascinante, la répétitivité hypnotique de cette musique l’est, et à plusieurs titres. Son minimalisme, d’abord, dont la sécheresse recentre le propos sur une nécessité déterminée, que l'on questionnera sans obtenir de réponse. Son absence de début et de fin, qui induit un mouvement perpétuel, éternel, dont il manque peu pour suspecter une spiritualité sous-jacente (la transe pour accéder à un niveau supérieur?). Sa rigueur d’exécution enfin, qui tient quasiment de l’abnégation, subordonnée à une praxis, là aussi impossible à déchiffrer. La qualifier de psychédélique serait réducteur, tant la magie qui opère ici semble régie d'intentions plus profondes et poétiques. Bref, cette musique demeure pour moi un mystère, et c’est mieux ainsi. Et au cas où vous n'auriez pas compris, c'est une petite tuerie.