Test Dept › Proven In Action

Voilà une soirée dont les québecois doivent encore se rappeler. Test Dept, entité bien rôdée en 1990 vient présenter de l'autre côté de l'Atlantique son Pax Britannica, pamphlet anti-patriotique brûlant, au festival des Musiques Actuelles. Percussions, cornemuses, chants et samples viennent précisément prouver sur le terrain ce que signifie une performance, se réappropriant par la même occasion leur musique, l'album ayant été enregistré (nous en reparlerons sur la chronique appropriée) par un orchestre symphonique. Le néo-classicisme de leur oeuvre ultra politisée rencontre la fureur des rythmes militaires dans une orgie parfois réminiscente de Laibach dans sa variante british ('Agincourt', 'Empire'). Les cornemuses renforcent cet aspect anglophone et nationaliste, accompagnant les sentences de 'The Emigrant' et l'hallucinant 'Siege (of Quebec)', un des plus impressionnants titres qu'ils aient enregistré live. La démesure rencontre la critique sous la forme d'un règlement de comptes avec leur gouvernement d'alors, tout en tirant sur les racines de l'histoire de la Grande-Bretagne afin d'en satiriser ses excès passés. Un thème déjà poussé pour une formation qui, quelques années auparavant, pouvait se résumer à une bande de paumés qui voulaient juste faire du bruit. N'allons pas croire qu'ils n'en sont plus capable, le très bruyant 'Wojna (War)' venant ici prouver le contraire, dans lequel on peut entendre autant de 1 200 000 Dead Tibetans (dans l'orgie métallurgique furieuse) que de NON (dans le fond et l'intention). N'oublions pas non plus 'Vastness' qui clôt le disque d'une manière pétrifiante et tout en sueur, dans torrent de percussions rapides ne s'arrêtant qu'aux dernières secondes, sans aucun répit. Vraiment, même si le discours ne se concentre que sur la rage, ils auront été un de ces rares groupes à savoir la mettre en forme si efficacement qu'inévitablement elle nous roule dessus et nous emporte dans son flot. Comme pris dans un mouvement de foule, l'instinct plus que la raison se laisse manipuler par la cadence et on se surprendrait y à aller nous aussi, poings levés, avant même de se demander vers où et pour quelles raisons.