Je trouve intéressants ces groupes dont le nom seul, par leur incongruité parfois agressive, obscène plutôt, en résume la démarche et l'identité. Throbbing Gristle faisait clairement partie de ceux-là (l'exhibition des tabous sous ses multiples déclinaisons) ; Goz Mongo Alliance également : le monde environnant et la musique vus par l'être différent, si différent qu'on ne saurait dire s'il s'agit de sérieux ou de farce. Un semblant de brouillage sémantique cher à la défunte musique dite industrielle, ou quelque chose d'approchant, non ? Il se trouve que Goz Mongo pratique, ressuscite dirai-je même, cette rouille funky que jouait TG et Cabaret Voltaire vers la fin des années 70, ou Maria Zerfall un peu plus tard. Le groupe est un trio, où chacun apporte sa contribution au miasme sonore : vociférations incongrues, boucles rythmiques titubantes, motifs synthétiques d'une dureté adolescente, fragile mais déterminée, trompette taquine. Bonne surprise : le tout fait immédiatement mouche, là où d'autres postures s'enlisent dans l'imagerie faisandée. Car Goz Mongo sait jouer des références pour mieux se déjouer des complexes. Evidemment c'est enregistré live, pour capturer brut l'énergie, le hasard chanceux de l'improvisation, une fois la boite à rythmes lancée sur sa boucle. Ce qui fonctionne ici, c'est la justesse sans prétention, la jubilation communicative, l'énergie galvanisante. C'est sombre, certes, mais juste ce qu'il faut pour que l'anxiogène ne vienne pas phagocyter le cri. Trio extrêmement prometteur, à suivre de près.