Voice of Eye › The Portland Improvisations

'The Portland Improvisations' n'est pas tant un disque qu'un gouffre béant qui vous engloutit une heure durant. Sa noirceur n'est pas sans rappeller celle de Transmigrations mais avec un dépouillement radical qui le rapproche presque d'Arktau Eos lorsque ces derniers plongent en apnée dans les ténèbres (je pense à Scorpion Milk et Ai Ma Ra). Autant le dire : c'est minimal et éprouvant et ce même pour du Voice of Eye. Le groupe s'exprime ici dans le langage élémental de la Terre et de l'Air, faisant respirer et gronder le champ sonore au gré des voix et des percussions éparses un peu comme ce qui avait été produit sur les collaborations avec Life Garden. Ce qui distingue Voice of Eye comme toujours est cette capacité de s'extraire de tout référent (si ce n'est le thème de la vacuité bouddhiste) pour se fondre dans l'organicité naturelle ou le souffle animiste qu'ils chevauchent toujours avec agilité. Les résonances sont riches et profondes, les grincements terribles, les voix vaporeuses au possible ; les attaques toujours aussi lentes et imparables. Par deux fois les basses Lustmordiennes viendront soutenir le propos, une fois sur le premier titre et une fois sur le final ma foi très imposant. 'Valles Marineris' comme son nom l'indique nous promène calmement dans les fonds marins au milieu d'appels de sirènes jouant avec la stéréophonie comme si elles tournoyaient autour de nous pour nous inciter à la noyade... et, comme Alice, nous les poursuivons dans cet outremonde inhospitalier... Pour finir où ?