Ce soir-là, les mecs de Electric Wizard avaient décidé de célébrer une fois encore une de leurs cérémonies occultes et les Français de Huata s'étaient dit que ce serait plutôt sympa de se joindre à la fête, de participer eux-aussi...Problème, les premiers avaient tellement fumé d'herbe qu'il fut impossible aux seconds de retrouver les objets rituels dans ce smog pernicieux. Comment glorifier correctement l'ange déchu si les rituels ne sont pas respectés ? Ils décidèrent donc d'organiser les choses à leur manière en reprenant les atmosphères pesantes et poisseuses mais en évitant la saturation murale. Car une messe aussi noire soit-elle reste un moment religieux et dès le premier morceau, 'Lords of the flame', le combo va nous le faire comprendre en intercalant au milieux des riffs gras et des rythmiques lourdes, un passage plus délicat marqué par quelques accords d'orgue obsédant en arrière-plan. Cet orgue d'ailleurs, les musiciens vont l'user jusqu'à l'obsession sur des passages ambient tellement longs qu'ils en frisent le mesmérisme : le final de la première partie de 'Thee eternal wizard' axée sur un accord lourd et des incantations sur plus de cinq minutes, l'intro liturgique de la seconde, religieuse à souhait, mais qui jamais ne libère l'âme pour autant. L'esprit de ce disque est en effet résolument sous-terrain, aucune lumière n'y pénètre sinon celle des chandelles et les treize minutes du 'Fall of the 4th' final sont là pour le rappeler, au même titre que les atmosphères malsaines de 'Templars of the black sun'. J'avoue que ces ambiances mystico-ecclésiastiques légèrement voilées par la fumette sont tout à fait à mon goût ; le quatuor prend la peine d'installer ses climats, laisse le temps s'écouler, le minimalisme de certains passages opérer sur l'esprit de l'auditeur. Il en résulte au final un disque démarrant sur des bases connues mais desquelles les musiciens arrachent quelques éléments pour marquer leur identité et affirmer une production qui remue le ventre. Depuis la fameuse messe noire de Coven, on avait rarement poussé la démarche si loin, sauf que parmi les accessoires rituels, en plus des bougies noires, de la vierge nue, de la dague, on compte dorénavant quelques bons gros pétards bien tassés.