L'année 1984 ne fut pas vraiment synonyme de bonheur pour Bubbi Morthens ; Egò en pleine débâcle venait de sortir un laborieux troisième album pour se dépêtrer d'un contrat avec la maison de disque, lequel ne glana que des critiques mitigées. Une fois le split entériné, c'est pour une cure de désintoxication qu'il s'embarqua mais comme le dit le proverbe, à quelque chose malheur est bon, et les périodes les plus sombres sont parfois propices à rebondir. Guéri, notre Islandais qui n'est pas de la race des perdants, lance donc un nouveau projet, Das Kapital, avec lequel il sortira un seul album mais qui reste aujourd'hui encore considéré comme l'un des meilleurs de sa carrière et de l'histoire du rock islandais en général. Flanqué de son ex-complice au sein des Utangarðsmenn
Mike Pollock et de Jakob Magnússon (ex-Tappi Tikarass), Bubbi signe ici un beau disque rock encore marqué de ses influences punk ('Lili Marlene', 'Fallen angels', 'Bönnum verkföll') mais qui n'hésite pas à flirter irrévérencieusement avec des miettes blues (l'usage du saxophone sur 'Blindsker' ou de la guimbarde), un peu à la manière de U2 époque 'Joshuah tree'. Quelques apports extérieurs comme le violon sur 'Snertu mig' ou 'Launaþrællinn', les bribes cabaret ouvrant la face A, amènent une touche mélancolique au milieu de l'électricité contribuant ainsi à enrichir la diversité du disque. Les fans de vieux punk 77 devraient y trouver leur compte, de même que ceux qui apprécient les touches post punk d'un rock direct mais mélodique. Détourner l'intemporel classique que représente 'Lili Marlene' aura au final porté bonheur à Bubbi qui verra sa carrière solo démarrer sous des auspices plus que prometteuses après la fin de Das Kapital. 4,5/6