45 Grave › Pick your poison

45 Grave se sont reformés et....Heu non, en fait, ils n'ont jamais réellement arrêté, le terme n'est pas des plus adéquats...Voyons...J'ai trouvé : le groupe vient de sortir le deuxième album studio de toute sa carrière ! Abstraction faite des compilations, en dehors de 'Sleep in safety' (1983 déjà), nos Américains étaient surtout des habitués des minis mais, gorgée de sang frais, Dinah Cancer a remonté une équipe neuve avec l'un des frères Agnew et Tom Coyne (ex-batteur de The Last Dance) pour enfanter un successeur. Restait à découvrir si le potage à la bave de crapaud pouvait constituer un bon élixir de jouvence pour l'inspiration. A en juger par les deux premières offrandes, la recette tient ses promesses, on y retrouve le son rock d'antan, un brin moins punk mais inutile de nier le poids des ans non plus. Les riffs de guitare sont classiques mais inspirés et Madame Cancer a le gosier en parfait état de marche. J'aime beaucoup également 'Child of fear' plus nuancé dans ses ambiances, beau titre de deathrock tranquille un brin mélancolique. A priori, pas d'inquiétude donc ? Evidemment, la rythmique funky de 'Akira' peut surprendre la première fois, avec les arrangements électriques, on se retrouve au coeur des 90's avec des influences Jane's Addiction version Famille Adams. Rien de si étonnant, elle s'inspire de vieilles bases co-signée par Don Bolles. La nécessité de l'interlude instrumental tout doux 'A desert dream' ? Je ne la pige pas, le temps d'aller s'ouvrir une bière peut-être, histoire de foutre de la mousse partout en se secouant au rythme de 'Lucky 214' (on zappe le final avec trompette ?) et 'Highway 666' ? 45 Grave, s'ils ont été regardés comme des pionniers de la scène deathrock, ne l'ont jamais été pour leur audace musicale mais plutôt par leur manière de transformer leur mélange de punk/hard rock en cirque macabre et de ce point de vue, 'Pick your poison' s'inscrit en parfaite continuité des années 80, fidèle à ce rock américain classique dans ses constructions, moins dans ses thèmes. L'identité américaine, voilà pourtant un bien vilain défaut parfois qui conduit le quatuor à nous faire l'affront de 'Johnny', horrible pièce aux accents country, qu'on a juste envie de balancer au fond des chiottes, malgré un humour au centième degré, tant il évoque les bals pour ventrus à santiags et chapeaux de cowboy. Heureusement, 'Sorceress' balaie vite l'affront grâce à ses ambiances sombres old school bien efficaces, et pour cause, il s'agit d'une pièce ancienne qu'on trouvait sur le live 'Only the good die young'. Il n'empêche, c'est chouette de le trouver ici, version studio, car il est excellent. Un bon remède pour s'enfiler 'Winds of change', pas si mauvais dans son écriture initiale si ce n'est que le groupe a eu le mauvais goût de lui coller des passages de cuivre très ska absolument hors de propos et qui ôtent à ce final tout son potentiel ; si seulement on pouvait les gommer ! Après examen des cercueils et pour peu qu'on pardonne quelques écarts salement contrariants, la Tombe 45 exhale des remugles pas si moisis qui lui laissent donc un répit avant que le croque-mort ne lui balance la pelletée de terre rituelle de l'enterrement définitif.