The Residents › Babyfingers

Ce EP n’a plus guère d’utilité que pour le complétiste, puisqu’il est intégralement (sauf la Monstrous Intro) contenu dans toutes les rééditions de Fingerprice depuis 88… Car à l’origine, Fingerprince ne comportait que 9 morceaux – Six things to a cycle formant un seul long morceau final. Les 4 titres composant ce Babyfingers devaient à la base constituer la « 3ème face » de Fingerprince, un concept que les Residents croyaient avoir inventé : seul le petit curieux déposant le bras de sa platine sur une certaine partie du disque, entraînant ainsi le diamant dans un nouveau sillon, inaccessible jusqu’ici, aurait découvert l’appendix caché de l’album. Quand ils réalisèrent que cette idée saugrenue avait déjà été réalisée sur Matching Tie & Handkerchief (un album des… Monty Python ! Les grands esprits se rencontrent…), les Residents laissèrent tomber et gardèrent la « face cachée » de leur album pour ce Babyfingers. L’occasion de vous parler de l’art des Residents pour détourner les conversations ordinaires du quotidien, les voix de ces américains moyens et sans doute un peu benêts étant déformées, cartoonisées, mais pas pour le rire… Un art qui culmine sur Walter Weltinghouse, un monument d’étrangeté minimaliste qui annonce la minimal wave la plus estropiée (comme tout Fingerprince, au son très underground early 80’s… mais en 77), un théâtre de marionnettes en plastique de récup qui menace de dégénérer à tout moment, et ça ne manque pas d’arriver sur la fin… Rah cette montée obsessionnelle qui rend fou. Ce qui n’empêche pas d’apprécier le son fabuleux des longs passages ambient du milieu, où le ron-ron des boites à rythmes et synthés analogiques nous transporte dans un endroit qui n’existe pas.