Asura › Life²

Dès l'ouverture on comprend que Charles Farewell a mis les bouchées doubles. Cette fois pas de doute : Asura est de retour avec un son ample et riche, des compositions plus aventureuses et un sens de l'emphase renouvelé. Oui, mais... 'Golgotha', le premier titre, semble étrangement familier. Ce pathos surjoué, ces percussions orientales, ces violons, cette dramaturgie : la Passion du Christ de Mel Gibson ! Certes, c'est bien foutu, mais on est là dans une fragile frontière entre l'hommage et le plagiat et je ne sais trop quoi en penser. Bon, mais passons pour l'ouverture, le reste de l'album propose quelque chose d'assez prenant (pour ceux qui aiment le genre, j'entends ; les autres peuvent passer leur chemin) : une forme de trance plutôt lente, autour de 120bpm, tournée vers le voyage mental plutôt que le dance-floor. Ce qui m'ennuie comme toujours avec Asura c'est cette propension à lourdement appuyer sur les éléments émotionnels ; à mettre du pathos partout (le disque est sorti le 07/07/07, des trucs du genre...) qu'il s'agisse de swooshs énormes avant chaque break, de lignes de cordes, de chants orientaux à qui veut les entendre ('The Prophecy', encore écrit par Christopher Maze). Il faut que cela pète dans tous les sens ! Pourtant, en faisant abstraction de ce travers, on redécouvre un Asura en pleine forme avec nombre de titres mémorables ; en premier l'éponyme 'Life²', sorte d'hymne downtempo-trance au kick monstrueux sur lequel on revient finalement souvent et qui dégommerait bien un set chill-out pour remettre tout le monde en piste autant que pour planer chez soi. D'autres titres plus calmes donnent à entendre la dramaturgie sous un angle beaucoup plus flatteur, ce qui m'amène à dire que le problême n'est pas dans les ingrédients mais dans les proportions : 'Five Lines', par exemple, très beau titre ambient-dub à l'ancienne ; 'Galaxies Part Two' où une rythmique glitch est subtilement intégrée à une trame ethno-dub . Dans le même registre j'ai failli omettre 'Celestial Tendencies', très belle plongée dans une forme de downtempo ici empreinte de nineties avec sa subtile touche acid. Et puis, quand la trance le démange trop, on se prend 'Butterfly FX' dans la face, assumé et exalté avant un final encore Enigma-esque cette fois plutôt dans le bon sens (si tant est qu'il y en ait un). J'ai été dur mais qui aime bien châtie bien, c'est parfois frustrant de voir un projet avec tant de qualités et de facilités se vautrer dans du pathos hollywoodien juste parce qu'il en est capable. Mais la seconde partie de l'album est excellente ; et puis, me direz-vous, beaucoup de monde aiment les films hollywoodiens.