Leur premier longue durée, ça rappelle un peu ce moment décisif où, après avoir cumulé les préliminaires avec tes copines de lycée, t’en trouves une enfin suffisamment vicieuse – ou amoureuse c’est pareil – pour te laisser passer la barrière de la pénétration génitale ; moment décisif où le sang bat promptement dans tes veines, où le stress se mêle à l’angoisse, à la peur, et au sentiment de puissance et de victoire ; quand, après une demi-molle menaçante tu réussis à enfiler le bout de viande hystérique, sans trop y croire, et que tu es incroyablement déçu des sensations (quoi ? c’était juste ça alors ? bin c’est p’têt qu’elle les a cumulé ta copine, non ?), et que tu bourrines parce que t’as encore rien compris ; c’est ça, Carnal Carnival, le basculement, à la fois des sens, et de la compréhension de certaines règles : le vice sera toujours victorieux, toujours plus fort ; la décadence en dépend entièrement, et la musique de Death to Pigs également : plus précis, lorgnant sur les infimes changement de comportements, langoureux mais ferme, dissonant mais groovy, péchu, on pourrait dire que, finalement, DTP a viré no wave gothique, c'est-à-dire baroque et grotesque en étant d’un sérieux pathologique, donc très drôle ; ou l’inverse, on sait plus trop : comme si Suspiria était une blague, une série B et un film d’auteur.