Synapscape › Rage

Après l'album gris, voici l'album noir de Synapscape. Pour quelques minutes on descendra silencieusement vers les profondeurs où se situe la zone de minage souterrain, la claustrophobie se faisant prégnante et l'air venant progressivement à manquer. Puis viendra l'art du concassage. Avec 'Rage' on apprend à tailler des cubes à même la roche, à défoncer des blocs pour en faire du brut de techno, au mème titre que Not Breathing fait de l'ambient ou que Dive fait de la pop. Synapscape fait de la techno par définition, pas par style ; il le fait pour une mine dans laquelle le ponçage et le râpage constitue la seule source de lumière via les étincelles venant illuminer les yeux morts des ouvriers qui creusent, creusent et frappent, frappent et suent. Une sorte de rituel homoérotique épileptique en quelque sorte, où les chairs frémissent et s'éclipsent comme dans une rave party sans couleurs, comme prisonniers d'une transe mécanique grisâtre dont seul un filtre infrarouge en révèlerait l'abrutissante intensité. Menant la danse, P. Münch scande à qui veut l'entendre – et à qui veut le comprendre – des choses insensées d'une voix sèche, atonale et râpeuse. Tandis que les chairs se carbonisent progressivement par les incessantes attaques telluriques le sol se met à vibrer tant et si bien que les derniers accès vers la surface se sont effondrés et d'autres menant vers les profondeurs magmatiques commencent à faire surface, prêtes à engloutir l'absurde masse agglutinée de ce qui était une fois hommes et qui est maintenant tas de viande.