Robert Fripp est un génie, nous le savons tous. Et comme tous les génies, il est parfois incompris. Ses remarquables vrilles guitaristiques aux courbes de reptiles extraterrestres n'ont d'égal que le culte quasi-raëlien qu'il voue à sa propre personne. Mais rien ne saurait égaler, dans tout ce qu'il a pu produire avec le Roi Pourpre, l'intensité minimaliste extrémiste fondamentalement malsaine de son oeuvre sonore pour Windows Vista, le système d'exploitation le plus sous-estimé de tous les temps, dont on percevra peut-être le génie avant-gardiste à l'aube du 22ème siècle si l'humanité évolue vite. Avant-gardiste, Fripp l'a toujours été. Ici plus que jamais. Oh, j'en vois certains rouspéter parmis nos plus anciens membres progueux aux rouflaquettes douteuses et pull-over bordeaux à col en V : Bobby se serait vendu aux hydres capitalistes, son travail herculéen galvaudé pour se fourvoyer dans les commandes anti-artistiques d'un nerd mégalomane avec lequel il partage un goût de chiotte prononcé pour le choix des montures de lunettes ! Ravalez vos préjugés, poussiéreux réacs, et préparez-vous à comprendre et analyser la chimie sonore la plus sournoise, la plus vile jamais conçue par le Maître. L'avantage, c'est que vous n'aurez rien à télécharger/acheter si vous n'êtes pas un nerd et que vous êtes donc sous Windows récent puisque par défaut les sons ont été conservés sur la version 7 : éteignez votre ordinateur. Vous sentez ces vibrations sombres et expérimentales vous parcourir l'échine ? Deux notes éternelles. Rallumez-le. Fraîcheur airwick fasciste instantanée !!! Cinq secondes de pure perfection électronique, secrètement aryenne et intimement satanique, dont l'esthétique Berlin school évidente aura pourtant échappé à l'oreille aiguisée de notre Phaedream. La perfection je vous dit. L'absolu. La mélodie est trop fade, elle vous a déjà glissé dessus et n'empoisonnera jamais autant votre vie qu'un tube de John-Michael Jar ? Teu teu teu ! Ce n'est qu'une impression, pauvres agneaux : elle est déjà imprimée dans vos circuits mentaux, gravée dans votre corail intime comme le plus atroce des traumatismes d'enfance. La musique conçue par Sir Fripp pour Windows Vista est à l'image même de son esprit malade, torturé, pervers, au-delà de la plus ignoble des dérives nécropédophiles antisémites : Le Vice Ultime. Pas Noir. Pas Rouge. Pas Blanc. BLEU. Créer une musique aussi froide et pénétrante en une pincée de secondes ne peut-être que l'oeuvre de... celui dont le nom commence par un S et se termine par N. Je l'ai dit. Et je ne parle pas du jeu Simon au motif quadricolore même si c'est dans le thème. Mais d'une œuvre totémique et ultimement épurée de toute une vie, dévouée à créer le Mal. A répandre le Mal. Un virus audio dont le pouvoir contagieux n'a d'égal que la puissance de pénétration mentale sur le mouton consommateur occidental. Je ne me répandrais pas sur les sons "internes" du même acabit, qui derrière leur apparent remodelage-douceur de la version XP censé ne pas agresser l'oreille (flagrant sur les messages d'erreur, jadis brutal death, aujourd'hui atmo) dissimulent la Haine. La musique la plus viscéralement gutsienne de tous les temps, tout simplement, car résonnant dans des millions de foyers innocents et achevant de lobotomiser des cerveaux déjà rongés par la farandole médiatique au moment même où mes doigts frappent sur un clavier qui lui-même ne se sait pas connecté au Mal, le pauvre... La chro arrive à son terme, mes yeux me piquent... Mais je me convulse déjà à l'idée de fermer Windows... oui, je dois l'admettre : je n'ai jamais changé de son d'allumage, comme tant d'autres... Car moi, je connais mon Maître. Je tremble à l'idée de devoir arrêter le système.... de devoir L'AFFRONTER, encore. Affronter le cancer synthétique foudroyant de la Bête. Dois-je couper les hauts-parleurs ? Aurais-je le courage de me confronter à l'indicible abysse ? Et vous, allez-vous percevoir le Mal derrière l'apparente normalité des choses, désormais ? Moi, je suis tout seul dans le noir... j'hésite à cliquer... voudrais couper le son... arracher les enceintes... forcer l'arrêt de l'unité centrale par une simple pression prolongée de l'index.... gnnn... peux pas.... une... une force invisible m'en empêche.... gnnnnn.... GNNNNNN.... merde de merde de merde.... Dire que tout ça était sensé n'être qu'un poisson d'avril gentillet au départ... je vous jure Monsieur Fripp, je voulais juste amuser la galerie ! Pitié..... je... j'ai... J'AI PEUR.