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Verity Den › Verity Den

lp/téléchargement • 8 titres • 40:20 min

  • 1Washer Dryer3:40
  • 2Priest Boss5:10
  • 3Prudence5:54
  • 4Tess3:10
  • 5Other Friends8:26
  • 6Everyone Thought You Were Dead6:12
  • 7Crush Meds4:30
  • Bonus de la version streaming (Bandcamp)
  • 8Household Changes3:28

informations

Mixé par Casey Proctor. Masterisé par Greg Obs.

line up

Casey Proctor (basse, guitare, voix, synthétiseur, programmation), Mike Wallace (guitare), Trevor Reece (guitare, basse, voix, programmation)

chronique

Un peu de doux bruit nocturne, et puis j'irai... Je n'abandonnerai, le temps de quelques heures. Un peu de velours râpé, de mélodies qui s'effilochent, de voix qui flottent, parfois en lambeaux, parfois en voiles gonflés. Des reflets, des traces, des marques. Du délavé, par places, des teintes qui ressortent là où c'est éraflé. Pas mal de types, nuances, qualités de brumes et autres émanations. De temps en temps, penser à jeter quelques poignées de graviers dans la mécanique, pour que ça grince, que ça grippe.

Verity Den, comme ça, ça n'a l'air de rien. Ou de trois fois ça, shoegaze (très) tardive, noisy pop écornée, vapor-core (pour inventer des mots, tiens, des noms de genres qui sentent l'usure dès la sortie d'usine). Pourtant, tout de suite aussi, ça s'incruste – nappes troubles, crasse dans les interstices, fragrances de chambre pas souvent aérée, un peu trop entêtante mais où, d'emblée, se dégagent des notes agréables, à la lisière du parfum et de la saveur. Les bords des bandes de peinture bavent, dépassent, le papier mural cloque. Tout est de guingois mais ça semble conçu pour – monté comme ça, délibérément de traviole, déréglé. Ça berce mais ça empêche de sombrer – un petit défaut, une écharde qui toujours accroche.

C'est une belle mécanique faussée, bosselée, sous ce mine-de-rien. On se rend compte à mesure une fois posé.e, installé.e. L'impression première – de panneaux en trompe-l’œil usagé – persiste. Mais on commence à percevoir la profondeur, la perspective – elle, véritable. Il fait bon – mais presque trop. Ça rend la peau sensible, sensitive – ça englue dans une sensualité un peu sale, froissée. Ça fout de brefs coups de gomme – presque insoupçonnables parfois ; presque ostentatoire, à d'autres endroits – dans les lignes claire et les à-plats, les lavis. Ça construit solide, ça noue des choses étroitement, sous les linges en vrac, entre les fringues jetées en boules sur la moquette, en s'appuyant doucement, mollement, sur le dossier au vernis rincé d'une chaise.

Le bruit est joli. Le charme est acide, même un peu âcre. Le plaisir est flou, l'immersion comme gélatineuse, la légère douleur, si on pousse trop fort le volume, devint vite à peine plus qu'une habitude, presque neutre, qu'on ne remarquerait qu'à posteriori, si elle venait à s'effacer. Le slow-core est un vieux truc, une espèce de réminiscence, mais finalement pas un gadget, on s'aperçoit qu'il est tangible, bien plus qu'un objet de culte, qu'un symbole dont on aurait oublié depuis longtemps le sens. Le sens, c'est de se laisser aller – emmener, emporter. De s'engloutir, décidément, dans ces plages trop longues pour qu'on n'ait pas à force envie que ça se prolonge encore, que ça dure, s'éternise.

Au fond il y a cette masse qui se détache encore vaguement, large, grande, grosseur sombre belle comme un cauchemar où l'on retrouverait une hantise oubliée – le frisson d'un temps qu'on croyait terminé, aboli. Everyone Thought You Were Dead – on n'était peut-être pas, soi-même, assuré.e du contraire ? Ça ne fait plus de doute, là – on est vivant.e, sans quoi ça ne pourrait pas ainsi tirailler, grincer, s'ébouler. L'index suivant confirme – Crush Meds, pur boucan liminal nimbé d'une fine pellicule d'ambient polluée. Il faut aimer quand ça pique un peu (ou un peu plus). Il ne faut pas craindre d'y laisser un ou deux bouts de peau, dans l'affaire, qui auront adhéré à la surface des choses. On a trouvé l'entrée. On reviendra bientôt. Souvent ou pas, peu importe. Sûrement – comme dans « à coup sûr ».

Bon
      
Publiée le lundi 24 mars 2025

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Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

Oui c’est marrant ce genre de disque dans lequel on entre chacun avec sa petite malle à disques et on ne pioche pas tous les mêmes. Priest Boss: 200% Nina Nastasia pour le chant par exemple. C’en est troublant.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Et Animal Collective sur Priest Boss, clairement, pour moi... Ce qui est "marrant" aussi, c'est qu'avec cette poignée de références communes (avec quelques variations) on ne citera/entendra sans doute pas toujours les mêmes, les uns ou les autres, à propos de tel ou tel morceau.

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Horn Abboth Envoyez un message privé àHorn Abboth

c'est totalement ça, un disque qui en fait pensé à plein d'autres. Je ne sais plus sur quel autre morceau (Prudence je crois) j'entends du Yo La Tengo, My Bloody Valentine sur Other Friends ou Priest Boss.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oui, sur celle-là, c'est vrai qu'on peut y penser ! Un Bardo Pond pas bien en forme, même un peu malade, mal installé dans une chambre trop petite et mal isolée... Je pourrais même ajouter le bizarre Gazing at Shilla en reco, tiens. (EDIT : bah c'est fait. Et oui, c'est un groupe/disque "à reco", ce Verity Den... Ça donne envie de remettre le nez dans plein d'autres trucs, sans pour autant cesser de les écouter, eux, une fois qu'on y a pris goût).

Message édité le 26-03-2025 à 10:23 par dioneo

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Horn Abboth Envoyez un message privé àHorn Abboth

Marrant que tu parles de Bardo Pond car on pourrait croire que c est eux sur Everyone Thought You Were Dead.

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