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Przemyslaw Rudz / Wladyslaw Komendarek › Unexplored Secrets of REM Sleep

cd • 9 titres • 73:11 min

  • 1Standing on the Shoulders of Giants 5:26
  • 2Unexplored Secrets of REM Sleep 15:59
  • 3Reminiscences From Beyond Infinity 24:04
  • 4a) Atavistic Throwback
  • 5b) Playing Dice with God
  • 6c) Immersed In a Marsch of Grey Matter
  • 7d) Another Dawn of Man
  • 8Lonely Spirits over the Post-Megalopolis Badland 16:58
  • 9Interrupted Stream of Consciousness 10:46

informations

line up

Przemyslaw Rudz (Clavia Nord Lead 2x, Korg TR76, Arturia VST Plugins, Moog Modular, ARP 2600, Prophet 5, Yamaha CS80, Absynth 5, FM8 et Reaktor 5) Wladyslaw Komendarek (Clavia NordWave, MiniMoog et vocodeur)

Musiciens additionnels : Jarek Figura (Guitare électrique sur 4 et5) Dominik Chmurski (Violon Électrique sur 3) Maciek Warda (Basse sur 5)

chronique

Le sommeil est un univers fascinant. C’est un monde qui nous appartient mais dont on ne contrôle les destinées et l’on glisse tranquillement vers des phases semi-comateuses où les beautés croisent les horreurs et les quiétudes nourrissent les tourments. C’est inspiré de cet univers sans frontières que Przemyslaw Rudz a trempé le bout de ses doigts afin de forger les prémices de Unexplored Secrets of REM Sleep. Ceux qui sont familier avec les œuvres de Przemyslaw Rudz savent un peu à quoi s’attendre du brillant compositeur et sculpteur d’oasis cosmique Polonais. Mais que serait le résultat d’une collaboration avec Wladyslaw Komendarek? Claviériste du groupe de psy prog rock Exodus et pionnier de la scène électronique Polonaise depuis 1985, Władysław Komendarek est un personnage aussi démesuré qu’original qui multiplie toutes sortes d’expériences à l’intérieur de son évolution musical. Sachant déjà que les albums de Przemyslaw Rudz sont riches en sonorités connexes, qu’apporterait la contribution de Komendarek? Construit à distance, Unexplored Secrets of REM Sleep est un brillant album grouillant de rythmes bipolaires qui dépeint avec fascination les différentes phases du sommeil. Des phases mises en musique avec une superbe mise en scène, conçue par Rudz, et de somptueux décors cérébraux, imaginés par Komendarek.
"Standing On the Shoulders of Giants" ouvre les portes de l’appesantissement avec une douce mélodie morphique prisonnière d’un mouvement vacillant dont les contractions dérapent dans un univers de sonorités éclectiques et électroniques. Des accords de piano émergent de ce néant cérébral, pianotant un rythme linéaire qui est entouré de stries et de solos d’un synthé qui permute sa délicatesse pour la pesanteur et les morsures d’une guitare hurlante. Les premiers pas vers les secrets inexplorés des rêves se poursuivent avec la pièce-titre et sa longue intro peuplée d’un collage d’échantillonnages musicaux aussi hétéroclites que les rêves peuvent tisser des paysages dépareillés. Un mouvement séquentiel galopant perce ce voile de sonorités indéfinies, éveillant une savoureuse onde qui se dandine innocemment. Après plus de 6 minutes des coups fantomatiques ou de pas vagues, de battements et d’halètements discordants, de cloches d’église, d’ondes spectrales et de vents électriques "Unexplored Secrets of REM Sleep" sort de sa torpeur somnanbulesque avec un rythme sourd qui amplifie sa progression avec de belles envolées de claviers et des strates de synthé voletantes qui caressent une sauvage chevauchée rythmique nourrie par le feu de bonnes percussions et de bouillonnants accords de clavier psychotroniques. "Reminiscences From Beyond Infinity" est le cœur des tourments du sommeil. C’est un long titre épique de 24 minutes divisé en 4 parties. Divisé entre ses phases ambiantes, méditatives, rythmiques et endiablées, "Reminiscences From Beyond Infinity" s’amorce dans les larmes du violon solitaire de Dominik Chmurski qui berce les chœurs morphiques de son intro (Atavistic Throwback) avec de superbes strates larmoyantes. Des strates qui pleurent dans un monde de métal apocalyptique. Le ton est lugubre et nous sommes absorbé par un monde de froideur avec des coups de cymbales horribles qui froissent l’ouïe et des roulements de grosses caisses qui font hurler la lune alors que lentement nous glissons vers Playing Dice with God. Cette 2ième partie de "Reminiscences From Beyond Infinity" est imprégnée des rythmes rock électroniques à la Tangerine Dream de la période 220 Volts, guitares en moins quoique l’impression d’y entendre des riffs demeure vague. Les percussions sont sauvages et débridées. Elles sont appuyées par des séquences houleuses dont les échanges entrecroisées se perdent dans les coups de batteries alors que les solos de synthé sont puissants et recouvrent ce rythme déchaîné d’une étrange enveloppe de free-jazz. Ce rythme se dissout vers la 11ième minute, embrassant une phase plus lunaire. C’est un beau moment de poésie méditative où le synthé sifflote une délicate berceuse sur le dos de fines ondes aux frêles ondulations. Une séquence isolée papillonne ses élytres rythmiques, telle une menace cadencée, éveillant un vocodeur qui marmonne les psaumes d’un schizophrène égaré sur la cime d’une montagne sacrée contemplant un monde en gestation. C’est dans ce long délire rempli de sonorités biscornues que la dernière phase de "Reminiscences From Beyond Infinity" se met en branle. On entend des tam-tams résonner et mordre les ambiances confuses. Des accords carillonnés tranchent le débat entre l’abstrait et le concret, ranimant ses synthés aux réminiscences de Tangerine Dream, et initiant de nouveau un rythme sec et nerveux. Un rythme circulaire campé sur des percussions débridées et des séquences qui tentent d’en épouser le tempo alors que les solos de synthé en arrosent copieusement le délire rythmique avec de superbes figures musicales audacieuses.
Après cette houleuse incursion dans les rythmes bipolaires, "Lonely Spirits over the Post-Megalopolis Badland" offre une longue introduction de sérénité. L’ambiance est très cosmique avec des couches de synthé très ambiantes qui flottent paresseusement parmi des chœurs qui respirent la quiétude morphique parmi des poussières d’étoiles et des accords d’une discrète guitare jouée par Jarek Figura. Le rythme bouillonne légèrement un peu après la 8ième minute. Giratoire, il s’arque sur une fusion de pulsations et de riffs de guitares, servant de remparts à de somptueux solos de synthés qui sont supportés par des nuages de chorales. Ce rythme s’estompe, se perdant dans des accords de guitares quelques indécis et au final spasmodiques qui tentent de réanimer une phase rythmique tapis dans les vapeurs d’éthers de Neuronium. "Interrupted Stream of Consciousness" clôture la fascinante dissertation de l’univers de l’appesantissement et de ses méandres fantasmagoriques avec de fines palpitations qui percent un brouhaha indéfinissable et ses sonorités bigarrées. Comme partout dans Unexplored Secrets of REM Sleep le rythme progressif se camoufle dans une faune sonore aux milles éclats hallucinants. La basse de Maciek Warda moule un tempo groovy qui ourle sous les spectres plaintifs d’un rythme progressif et des strates d’un orgue aux vieilles sonorités des années Exodus. Et "Interrupted Stream of Consciousness" explose d’un rythme cosmico-rock-psycho-progressif avec une basse funky, un clavier orateur, des couches de synthé hybrides et une guitare aux boucles furieuses qui harmonisent leurs priorités sur de bonnes percussions, convergeant vers un tempo évolutif qui se brisera net sur les récifs de l’incompréhensibilité, témoin muet de l’originalité et de l’anarchie des fluides harmonieux qui séparent Unexplored Secrets of REM Sleep du rêve et de ses complexités au stade évolutif des sommeils perturbés par un album provocateur.
Vous aurez deviné que Unexplored Secrets of REM Sleep n’est pas pour toutes les oreilles. C’est un album puissant et grouillant de rythmes bipolaires où l’imagination démesuré de Wladyslaw Komendarek trouve son apothéose dans un impressionnant canevas d’effets sonores. La musique est belle. Déroutante, elle est fractionnée par des directions évolutives qui siéent bien la conception que l’on peut se faire des phases évolutives du sommeil. Bref, Unexplored Secrets of REM Sleep porte à merveille l’audace de son titre et de son projet. C’est un album qui se déguste du bout des oreilles et une fois que l’on a les deux oreilles en plein dedans, on n’en démord pas!

Très bon
      
Publiée le mercredi 22 février 2012

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