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Yo La Tengo › New Wave Hot Dogs

cd • 13 titres • 32:44 min

  • 1Clunk3:32
  • 2Did I Tell You3:30
  • 3House Fall Down2:46
  • 4Lewis2:31
  • 5Lost In Bessemer1:22
  • 6It’s Allright (The Way That You Live)4:10
  • 73 Blocks From Groove Street2:24
  • 8Let’s Compromise1:51
  • 9Serpentine1:58
  • 10A Shy Dog3:37
  • 11No Water3:18
  • 12The Story Of Jazz3:35
  • Bonus à l’édition CD de 1996
  • 13The Asparagus Song4:42

extraits vidéo

informations

Enregistré par James McMillan au studio Water Music. Produit par Georgia Hubley et Ira Kaplan.

L’édition CD Matador de 1996 est couplée – sur un seul disque – avec l’album suivant, President Yo La Tengo. Les deux albums ne sont disponibles séparément qu’en éditions vinyles et K7 d’origine. Le titre The Asparagus Song, en bonus du même CD, est tiré du 7’’ The Asparagus Song/For The Turnstiles, paru en 1987 sur Coyote Records.

line up

Georgia Hubley (batterie, pochette), Ira Kaplan (voix, guitare), Dave Schramm (guitare sur 13), Stephen Wichnewski (basse), Chris Stamey (guitare sur 4 et 11), Dave Rick (guitare sur 8)

chronique

  • it's all right (the way that they play)

C’est sensible d’emblée : quelque chose d’autre veut s’affirmer. Un mordant dans l’attaque qui ne faisait qu’affleurer aux pics du précédent. Et qui gagne en aisance, aussi, avec l’assurance qui vient : les pointes électriques, sur Ride The Tiger, étaient maniées en gestes un peu crispés, avec une réjouissance nerveuse, pas maladroite mais pas encore assez sure d’elle pour se lâcher complètement, trouver sa pleine vitesse. Ici, dès le Clunk d’ouverture, les amplis commencent à crisser, la voix file, la tenue se débraille au vent de l’emballement. La lumière qui tombe sur l’ensemble se fait plus froide – à quelques plages près, où se coulent en oasis des rayons semblables à ceux qui baignaient Alrock’s Bells ou Living in the Country – qui renverrait au ‘New Wave’ du titre (ne serait l’incongru du ‘Hot-Dog’ qui lui fait complément). Non que Yo La Tengo perde son sens de l’accroche pop, son envie de s’amuser, sa curiosité, son inclination à distiller un apaisement qui garde les yeux grands ouverts. Mais d’autres sources s’avouent, irriguent le jeu, d’autres matières, tout de suite, trouvent leurs formes propres, se marquent à l’empreinte du duo, qui ne se soucie plus – ou pas encore – de les masquer. Le groupe puise des idées chez ses immédiats contemporains. On pense là au Sonic Youth d’après Bad Moon Rising, quand ceux-là se piquaient de n’avoir plus à retourner la mélodie pour en faire un éclat ; ci aux décharges désinvoltes de Jay Macis sur les chansons les plus fermement campées de Dinosaur Jr. Mais Ira et Georgia ont déjà le recul, la distance amusée qui fait leur meilleur grain – qui pourtant, ô merveille, ne désamorce pas l’émotion par effet de cynisme. Serait-ce l’air du New Jersey, où l’on pousse à l’ombre de la New York voisine – son intelligentsia qui méprise les gens instruits d’ici, ne les traitera jamais guère mieux que des provinciaux un peu évolués ? Le groupe se trouve un humour discret, le cultive aux ferments de la légère étrangeté qui le nimbait depuis ses débuts. Ce titre, donc – que décidément je trouve incongru… Ou celui de la dernière plage : The Story of Jazz, pour une cavalcade à la battue sauvage, toute en riffs heurtés, aux fibres éclatées. La guitare de Kaplan prend de l’amplitude, du perçant, de la finesse dans l’art de déglinguer les lignes : il devient parfois difficile de distinguer, sans avoir les crédits sous les yeux, si c’est lui qui joue ou bien un invité – là où précédemment, il s’attribuait lui-même un ‘guitare naïve’, décernant à d’autres l’honneur de jouer plus 'informé'. Et ces solos tout de cabrements, qui commencent à trouver leurs marques si ce n’est encore le souffle de s’enfler sur la longueur… Hubley, elle, trouve pleinement sa souplesse, l’empan de sa syncope – l’histoire du jazz, c’est peut-être bien elle qui s’en empare pour s’amuser, pour propulser leur nouvelle vague. Un nouveau tour se fait jour, aussi, qui deviendra l’une de leurs spécialités : rendre indistincts reprises et compositions de leur cru. Ils en feront plus tard un album entier mais déjà, par moment, le doute point : de Clunk et de It’s All Right (The Way That You Live), laquelle est de leur plume, laquelle signée Lou Reed/John Cale ? En guise de subsidiaire : celle du Velvet n’était qu’une démo, à priori jamais sortie sur support officiel, encore, à l’époque de ce disque… L’érudition même se fait terrain de jeu – avec ce que cela implique en terme de bousculades amicales mais franches. Ride The Tiger flottait, passait en arc au dessus des terres où Yo La Tengo entendait aborder. New Wave Hot Dogs frappe le sol en respirant bien fort. Le geste tend à la jubilation – sans tout à fait l’atteindre encore – tandis que la silhouette s’affine, s’extrait des grâces adolescentes pour se parer d’un autre charme qui ne tient plus cette fois de l’heureux tâtonnement. Yo La Tengo s’enfonce plus loin, trouve ses territoires, apprend comment se jouer de la toponymie. N’en restera pas là. C’est un début, encore ; le groupe, très bientôt, poussera ses rameaux, se fera plus insaisissable ; son art plus séduisant, contagieux, intrigant ; ses frontières mouvantes à la vitesse de l’œil qui embrasse tout et lie en trajectoires les points qu’il décrète saillants. Déjà, on est tenté d’y revenir souvent. Et puis de basculer, consentant, vers leur pléthore.

note       Publiée le samedi 18 février 2012

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    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    Scissor Man: Ah ben vu le nom je m'attendais à du rock féministe à la The Slits, j'étais complétement à côté de la plaque en fait !

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Ah pardon, c'est vrai que je n'ai pas été très explicite, je crois ! Signals, Calls etc, c'est le premier EP (il me semble) de Mission of Burma et VS leur premier album... J'aime assez l'usage qu'il font des bandes et cassettes, aussi, sur ces deux disques. Ça ajoute vraiment un truc à leur musique.

    Scissor Man Envoyez un message privé àScissor Man

    Pour te mettre en appétit. http://www.dailymotion.com/video/x1omam_violent-femmes-gone-daddy-gone_music

    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    Violente femme et Mission of Burma, deux groupes que je ne connais que de nom. C'est sans doute pour ça que le lien ne m'a pas sauté aux oreilles et il en est de même pour VS et Signals.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ah tiens... Les Smith je n'y aurais pas pensé, même si je pense voir à peu près ce tu veux dire par là. Après, comme dit dans la chronique, j'y entend nettement du Violent Femme - celui du premier album - et plus encore du Mission of Burma, sur Ride the Tiger. Ça m'avait frappé, même avant que je me rende compte que leur chanteur-bassiste était de la partie.

    Je ne sais pas si tu connais VS et/ou Signals, Calls and Alarms, de ceux-là mais vraiment, la parenté me semble plus évidente à chaque fois que je les réécoute à des heures rapprochées.