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Compilations - Divers › Chroniques de Mars

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Membre Note Date
Raven      vendredi 17 février 2012 - 21:55
nowyouknow      dimanche 4 mars 2012 - 01:59
cyprine      samedi 7 avril 2012 - 09:15

cd • 20 titres • 73:56 min

  • 1Don't Sleep DJ's - Intro
  • 2Faf Larage & Shurik'n - La Garde Meurt Mais Ne Se Rend Pas
  • 3K.Rhyme Le Roi & Freeman - La Pression
  • 4Sat (FF), Costello & Le Rat (FF) - Faut Qu'on Sorte de Là
  • 5Mombi (Le 3e Oeil), Def Bond & Akhenaton - Sauver Tonton
  • 6Faf Larage - Hip-Hop Protagonist
  • 7Don't Sleep DJ's - Interstice n°1 : Kif Le Son
  • 8K.Rhyme Le Roi - Démon
  • 9Akhenaton, Freeman & Le Rat (FF) - Le Megotrip
  • 10Le Venin - Je Touche du Bois
  • 11Faf Larage - La Cavale
  • 12DJ Ralph (Le 3e Oeil) - Interstice n°2 : Tonnerre
  • 13Le 3e Oeil & Sista Micky - Lève-toi du Milieu
  • 14Faf Larage & Shurik'n - Le Destin n'a pas de Roi
  • 15Freeman - M'ghetta
  • 16DJ Kep - Interstice n°3 : Interkif
  • 17Sista Micky, Menzo (FF) & Don Choa (FF) - On Dit ce qu'on Pense
  • 18Freeman, Faf Larage & Boss One (Le 3e Oeil) - Ils Deviennent ce qu'ils Voient
  • 19Fonky Family, Le 3e Oeil, Faf Larage, K.Rhyme Le Roi, Freeman & Akhenaton - Le Retour du S*!# Squad
  • 20DJ Bomb (3e Oeil) - Outro

informations

Studio Le Petit Mas, 1998

line up

Akhenaton (MC), Freeman (MC), Le Rat Luciano (MC), Shurik'n (MC)

chronique

  • phocéen

La note que je m'apprête à attribuer pourra sembler excessive à certains, mais j'ai de l'attachement pour ce disque au moins autant que je peux avoir de répulsion devant ce que sont devenu ses protagonistes. Autant le dire d'emblée : quiconque n'a pas découvert ça à sa sortie a environ 99% de chances de ne pas comprendre cette note. Et pourtant, je veux y croire, nos archives gutsiennes existent aussi pour ce genre de disques. Seule vraiment recommandable parmi les compiles gravitant autour du groupe (la bancale Sad Hill et sa suite nullissime, les BO de films supervisées par un Akhenaton déjà pris dans son inéluctable spirale d'embourgeoisement sénile, me semble pas utile d'en parler), les Chroniques de Mars (pour Marseille - faisant évidemment écho à "...de la planète Mars") est, un peu comme la première Hostile Hip-Hop ou 11 minutes 30 Contre le Racisme, en mieux, le témoin de toute une époque, courte mais fertile, de laquelle il ne reste aujourd'hui que les cendres blafardes. Celle d'une puissance de création réelle dans le rap français, précisément du Sud, remplacée par le babil mercantile d'anciennes gloires qui ont fini par rompre tout lien avec la sincérité en même temps qu'avec l'inspiration. La nostalgie, c'est quand même une belle connerie... ici elle ne fera que rajouter à ce sentiment indescriptible qui pince le coeur sur Les Chroniques Phocéennes, de cette intro guerrière imparable à cette outro senteur west coast... comment le décrire ? C'est un truc très "fin de millénaire", une espèce de spleen méditérannéen arrogant, disgracieux et terriblement attachant en même temps, une envie de révolte et de se faire entendre à tout prix, vaine, qui sent déjà venir en même temps que le pognon la résignation de l'âge et la vacuité clinique et cynique de la décennie à venir mais tente de tout faire pour l'éviter. Un truc totalement crépusculaire et cigalou, passé comme une petite comète dans l'adolescence de beaucoup. Les Chroniques de Mars, regroupant les groupes marseillais les plus populaires d'alors (Iam, la Fonky Family, 3e Oeil, Le Venin) sur un même disque, est une succession de tableaux de rue tour à tour mordants, cruels, durs, vénéneux, rentre-dedans. Pas de légèreté ici, que ce soit dans le propos ou la forme (à part sur "Le mégotrip", petit délire fumette à la Cypress) : des instrus sans génie (on est pas dans le luxe de L'Ecole du Mic') mais très sombres, très basiques, envoûtantes à mort, dans un style nocturne minimaliste inspiré par DJ Premier et Havoc, pour des résultats parfois troublants (le malsain "M'ghetta", dopé à la mauvaise beu, avec un Freeman qui aura su pour une fois prouver qu'il est capable d'être plus qu'un second couteau), ou d'une tristesse et d'une vérité dérangeantes, à la poésie crue ("Démon" signé K.Rhyme, storytelling morose d'une vie écrasée par la haine - "manipulé comme un pion sur l'échiquier, oublié dans une case noire couleur de la nuit, Démon ressasse ses souvenirs..."). Niveau flows, les maîtres des lieux AKH et Shurik'n ont su s'effacer pour laisser les ouailles s'exprimer. De toute la clique, celui qui s'en sort le mieux ici est sans conteste Faf Larage, le frère de Shurik'n, en plus de poser les prods les plus noires du lot. Quand on constate l'évolution merdique du bougre, il y a de quoi crier au gâchis, surtout qu'à mon avis il aurait pû être le meilleur MC d'IAM, avec ce côté plus brut, plus naturel, avec le vécu sous la glotte un peu râpeuse. Sur "La Cavale", petite perle cinématographique dans le plus pur style de mise en scène IAM-esque, conçue comme un flashback récitatif pendant une garde à vue, il s'imagine dans un trip à la Twin Peaks qui vire progressivement aux Chasses du Comte Zaroff : l'immigré fruit d'apparentes attentions sexuelles et plongé dans ce qui ressemble aux prémisces d'une partouze bourgeoise en plein manoir devient le gibier de nantis nationalistes armés jusqu'aux dents. Survival social total. Le texte captive, la chute fait sourire et froid dans le dos, même si elle était prévisible. C'est peut-être ça finalement qui faisait la différence entre le rap marseillais et le parisien en cette fin de siècle : les "lyrics" - parce que ces mecs, aussi limités étaient-ils, se cassaient vraiment les doigts à coucher des textes élaborés, comme une mosaïque de contes urbains, avec à la clé une moralité, une réflexion (oui, quand j'ai découvert ça j'étais pas encore un gros connard cynique) - décrivaient la banlieue, le souci permanent de s'en évader sans l'oublier (en parlant d'évasion il y a "Faut qu'on sorte de là" ; ces boulets sans finesse de la Fonky ont principalement brillé par leur pesanteur de mon point de vue mais quand ils étaient dans le giron d'IAM la qualité pouvait parfois être au rendez-vous). Même si le fond reste connu (dénonciation du racisme, prières pour les défavorisés), même si l'exotisme vocal pourra en faire sourire certains (c'est une question de goût, c'est sûr), c'est l'atmosphère et l'authenticité pures qui s'expriment ici, avec une puissance brute à rivaliser sans inquiétude avec ce qui se faisait de plus glauque à New-York dans les 90's. C'est une bande de potes cavaleurs qu'on suit d'une scène à une autre, dans une nuit noire, très noire, aux airs de vigilante rageur et désespéré. De la pure série B urbaine, avec le générique, la photo bleutée, les seconds rôles charismatiques et tout.

note       Publiée le vendredi 17 février 2012

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    commentaires

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    cyprine Envoyez un message privé àcyprine

    Uniquement pour ceux qui ont connu cette compil à sa sortie. Aucun intérêt sinon.

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    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    sisi putneg

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    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Vous devriez vraiment rester en chien.

    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    c'était juste une phrase pour le premier oxmo parce que j'aime bien ca va pas plus loin, des demandes de chroniques y'en a 10000 tout le monde s'en branle mais nan t'as pris ca comme une couteau à la george en balancant ton humour de patissier tout flingué. garde la peche.

    Note donnée au disque :       
    ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

    et bing