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Enregistré live à Amsterdam, Hollande le 6 Mars 1990.
"The History Of American Music In 3 E-Z Pieces"
Raconter des histoires de taupes coûte cher et ne rapporte rien : les Residents l'ont découvert à leurs frais après l'exploitation de leur spectacle Mark Of The Mole. Au bord du gouffre, il trouveront de justesse de nouvelles ressources pour créer leur fameux 13th Anniversary Show en 1985, durant lequel ils se feront chiper le quatrième oeil et qui se verra remplacé par un gros crâne. Donc, disais-je, si raconter des histoires de taupes ne rapporte rien, raconter celle de la musique américaine semblerait être plus pertinent vis-à-vis d'une hypothétique audience. La musique américaine a toujours été dans le collimateur des Residents et la massacrer semble avoir toujours été leur première source d'amusement. Pour leur spectacle suivant, intitulé Cube-E et couvrant les années 1989-1990, ils s'attaquent à trois périodes spécifiques : les chansons des pionniers à la découverte de l'Ouest, puis le blues noir issu de l'esclavage, et enfin la synthèse des deux qui se fera à travers le rock, ici représenté par Elvis que l'on retrouvera sondé plus profondément dans The King & Eye, sorti à la même période. Alors bien évidemment, on est encore une fois amputé de la performance live. La documentation qu'il en reste témoigne d'un grand-guignol typique, avec costumes fluorescents et décorum extravagant. L'autre document, à savoir ce CD, couvre l'ensemble des chansons avec quelques interludes. La première constatation est celle de l'accessibilité : fini les dérives ultra-expérimentales, avec Cube-E les Residents entre dans leur phase (leur formule, diront les détracteurs) qui restera celle encore utilisée aujourd'hui, à savoir un mélange de chansons et de story-telling. Cela ne me pose, très personnellement, aucun problême : ils n'en ont jamais perdu leur mordant, savamment masqué sous une bouffonnerie hors d'âge. Les Residents sont précisément les bouffons de la Société, comme il y avait les bouffons du Roi : ceux qui savonnent leurs critiques sous des couches de grotesqueries pour mieux les enfoncer dans la gorge de leur cibles. L'imaginaire romantique du Cow-boy est ici malmené, depuis le mielleux 'Theme from Buckaroo Blues' au fade 'Bury Me Not'. Nos compères gâchent la fête, transforment ces images épiques de désert en minable opérette cyberpunk burlesque. Plus risqué, ils s'attaquent ensuite au blues et à l'esclavage : on retombe alors dans cette musique de grotte, qui sied si bien aux Moles (eux aussi esclaves des Chubs, rappelez-vous), plus aventureuse et rythmée ('Engine 44'). Mais ici encore la frustration pointe son nez : on rêverait de savoir ce qui se passe sur scène pendant les mystérieux 'Voodoo Queen' ou l'hyper pompeux 'Organism'. Après un saut dans le temps plus expérimental sur 'Ober', on arrive à la troisième partie, celle du King et ici un nouveau problême plus pragmatique pointe son nez, à savoir la stridence et l'étouffement de l'enregistrement sonore, en bref : désagréable. On a vite envie de couper pour remettre les versions studio de la session The King & Eye. Inutile de dire que conceptuellement parlant, c'est encore un carton qui a du faire son effet à l'époque. De la même manière qu'un bouffon est indispensable au Roi – souvent lui-même plus bouffon que l'autre - les Residents sont un groupe dont il faut faire l'expérience en spectacle ; car ils ne sont que le miroir déformant de notre propre société de spectacle. Mais en tant que documentation telle quelle, Cube-E ne fait guère plus que de remplir son contrat. Sans doute la version plus exhaustive en double CD + DVD sortie en 2006 en offre un peu plus aux mirettes, mais ne la possédant pas...
note Publiée le mercredi 15 février 2012
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Ce n'est pas parce que les chros se suivent que je n'écoute que cela toute la journée (encore que...) ; j'en ai encore quelques-uns et j'en ai commandé une floppée d'autres aujourd'hui, des fois que j'en aie pas assez... mais dans l'absolu j'aimerais bien faire une belle disco, foisonnante à défaut d'être complète, comme avec Coil ou Autechre. Pour la suite les Skinny Puppy, les Pink Dots (bon là j'ai du renfort), etc. Guts est l'un des seuls (sinon le seul) site francophone à même de couvrir tout ca - Regardez le boulot de fait avec Zappa, Tangerine Dream, Miles Davis...
Tu te les enchaînes dans la foulée des chroniques ? Laisse les macérer un peu quand même, tu vas te faire du mal sinon, surtout sur les récents. (les minis sont plus digestes : genre polllex christi ou high horses qui est bien sympatoche, les gros blocs récents sont parfois difficiles à s'envoyer d'une traite(je pense à demons dance alone notamment))
Merci du soutien ! Je vais en avoir besoin car j'en ai encore une bonne poignée à m'enquiller.
Super idée d'enchaîner les chros des residents. Leur disco est tellement foisonnante, la défricher tient de l'exploit (et du suicide auditif)