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The Fall › Dragnet
- 1979 • Step-Forward Records SFLP4 • 1 LP 33 tours
- 1990 • IRS Records SFLPCD4 • 1 CD
- 2002 • Cog Sinister COGVP140CD • 1 CD
- 2002 • Turning Point TPM02209 • 1 CD
- 2004 • Castle music CMQDD848 • 1 CD
cd • 21 titres • 77:56 min
- 1Psykick Dancehall3:49
- 2A Figure Walks6:09
- 3Printhead3:16
- 4Dice Man1:45
- 5Before The Moon Falls4:32
- 6Your Heart Out3:07
- 7Muzorewi’s Daughter3:44
- 8Flat Of Angles4:56
- 9Chock-Stock2:38
- 10Spectre vs Rector7:57
- 11Put Away3:30
- BONUS TRACKS
- 12Rowche Rumble4:01
- 13In My Area4:06
- 14Fiery Jack4:44
- 15Psykick Dancehall (No 2)3:40
- 16Rowche Rumble (Take 2)4:05
- 17Rowche Rumble (Takes 3)0:33
- 18Rowche Rumble (Take 4)3:54
- 19Rowche Rumble (Take 5)1:35
- 20In My Area (Take 1)0:49
- 21In My Area (Take 2)5:06
informations
Enregistré et produit aux Studios Cargo, Rochdale, du 2 au 4 août 1979, par Showbiz et The Fall.
line up
Steve Hanley (basse, voix), Mike Leigh (batterie), Marc Riley (guitares électrique et acoustique, voix), Craig Scanlon (guitare électrique, piano électrique, kazoo, bandes, etc), Mark E. Smith (voix, piano électrique, kazoo, bandes, etc)
Musiciens additionnels : Mrs Horace Sullivan (chœurs)
chronique
La Rafle, ce coup-ci (Dragnet, donc), après les Procès en Sorcellerie (The Witch Trials). Deux disques en une année. Huit mois à peine de l’un à l’autre. The Fall ne lâche rien – teigne encore jeune, vivace, pas fatiguée – ne débande aucun de ses muscles secs. Ne freine pas sur le speed, le houblon noir, les sécrétions stomacales de la même nuance ; les substances dissolvantes avalées et crachées, tour à tour et en masse ; ni sur l’acharnement à enfoncer la tête, bien sûr, et c'est heureux : du clou, de l’auditeur ; à ce que la pointe pénètre jusque bien au delà que la garde ! Le nerf en nœuds galvanisés. Les échardes en gosiers. Même, ils étendent les moyens d’écorcher, durcissent encore leurs phalanges osseuses, avant de s’y re-jeter. Changement de batteur. Celui-là sait y faire – encore mieux, avec en sus des cymbales qui coupent et fracassent – dans l’ouvertement bosselé, question déhanchement – au point que ça tourne au déboîté, sans vergogne et au grand jour. Moins rectiligne, plus voilé dans la battue en ellipse, ce Mike Leigh, que le Karl Burns qui martelait le précédent. Un nouveau bassiste, aussi, se mêle au pugilat – tout aussi porté sur l’ad libitum sans pitié, le dénommé Hanley. Et qui permet à Marc Riley – Martin Bramah s’enfuyant pour sa part – de se replier sur la guitare. S’y ajoute enfin – Yvonne Pawlett quittant aussi la place, laissant les claviers en partage aux autres – un second guitariste, Craig Scanlon, pour se joindre au tintamarre. Afin qu’aux riffs obsédés de se redire sans fin s’ajoutent textures, grincements, crissements qui rayent les os de nos crânes et nous crispe le grand sympathique, nous tétanisent tout autant les zones zygomatiques. Vicieusement, trompeusement, ces cinq là font même mine de compliquer un peu les compositions. Fausse piste ! Si toutes les chansons ne sont plus cette fois d’un bloc, ce sont maintenant, au plus, deux parties qui alternent, nous jettent de l’une à l’autre, mutuellement, pour mieux nous rudoyer plutôt que nous soulager de leurs respectifs éreintements. Et pour le son, l’option retenue sera cette fois… Le Dégueulasse. Le sali, l’étouffé, le raboté pour que les arrêtes déchiquettent plutôt qu’elles ne tranchent. Tout se détachait assez nettement, sur Live At The Witch Trials. On entendait distinctement l’espace de tous les instruments. Ici la bande les avale, les absorbe, les étale et en brouille, en défait les nuances. En appauvrit, en fausse les contrastes – comme pour noyer ces nouvelles teintes qu’apportait le sang neuf. Qu’on ne soupçonne pas le moindre luxe, qu’ils écrasent sa petite gueule à la moindre velléité de décorer, d’orner, de faire joli… Pourtant elles nous retiennent, ces couleurs inédites, nous attirent dans les cahots, nous empêchent de craquer avant la fin, aux premières écoutes – parce qu’à vrai dire, c’est plutôt contondant, au point qu’on serait tenté, si on se souciait encore de l’en temps normal, de ne pas trop insister, les première salves retombées. Et pourtant si, on y revient. Vite. Car ils ont la manière – j'insiste à mon tour, oui – concernant l’algarade. Et que sous la loque c’est excitant, leurs lâchers d’horions, leurs apostrophes mal peignées. Smith, évidemment, n’est pas en reste ! Il nous répétera bien assez – toutes ces années jusqu’à maintenant, passant régulièrement par dessus bord le restant de l’effectif – que The Fall, c’est lui et ses idées, assisté de quelques exécutants décrétés – diversement, provisoirement, mystérieusement – compétents pour les mener à l’air public. Discutable, tant – à l’époque comme pour nombre de suites – le groupe sonnera presque toujours miraculeusement compact, uni, serré, d’une incarnation à l’autre. Mais peu importe ! Mark E., ici, prend de l’audace, encore, en voix comme en verbe. Ose les jeux de mots opaques et limites (intraduisibles, aussi – psykick au lieu de psychic…), dérape dans les aigus, dans ces cris de chats qu’on castre qui deviendront l’une de ses marques, l’un de ses tours préférés pour nous gripper l’oreille. Plus encore que sur le premier disque, ses histoires s’enchâssent dans des concepts obscurs, retors, dans des ambiances de malaise, d’angoisses rentrées, de bile pétrifiée ; un œil malveillant s’y darde, se braque sur nous, le poursuit, lui, même – Figure Walks : l’homme tenaillé d’une peur glacée, engoncé dans son anorak, la capuche qui lui bloque la vue, resserre son champs d’alarme – tout est vague, innomé, mais la boule au ventre demeure. C’est l’époque où Smith se clame ‘irréaliste’, totalement détaché du commentaire social – manière aussi de dédaigner un certain milieu punk, qui cherchait des soldats pour déclamer sa cause. La folie de celui-là – avec son dégoût, son acrimonie – est plus profonde, différemment ancrée dans la misère native, qu’il piétine et veut déchirer. Autant, plus que de mousses brunes et stupéfiant divers, Smith s’intoxique comme jamais de littératures, de fictions souterraines. Il se réclame du fantastique, de la libre fantaisie. Ses récits et logorrhées s’enfouissent à leurs sujet, vivent dans les livres qu’il dévore, s’y développent comme des surgeons que leurs auteurs n'auraient pas même rêvé (Dice Man, inspiré du roman de Luke Rhinehart, chanson dont on ne pourra saisir l’altercation qui ponctue le dernier refrain si l’on n’a lu les pages de cet ouvrage singulièrement cintré). Mais c’est tactique, stratégie, que cette apparente dérobade ! Car à mesure qu’il nous les décoche, il est indéniable que le type compte bien tailler en plein réel, à même la viande de ces gogos qui s’ébahissent aux foutaises de la pop-club-culture, des plages-horaires d'informations autorisées. Il rend les gnons, balance les bourrades qui réveillent. Pas en rêveur heurté par la dureté du jour ! En fils prodigue de l’ouvrier, plutôt, qui sait bien ce que c’est de la sauter, ne veut pas se prêter - en faisant comme si - à la moche manigance ; en Grand Excédé orgueilleux, qui s’est élevé lui-même et en a plus à foutre que de musarder dans les parades de charité, les salons officiels des scènes indépendantes - ce sont eux qui le disent, ça, Indépendant ! Mais dès qu'on gratte un peu... The Fall est un corrosif, qui bouffe les matières et monte au cerveau ; c’est un tonic qui blinde l’estomac, pour peu que vous l'ayez solide à convenance ; c’est une rouille, peut-être un antidote ; c’est le cabanon ou la ligne de fuite au cœur des Mille Plateaux. Question de constitution ! Mais vous ne saurez pas à moins de vous en mêler, d’avaler la dose. Si vous êtes fait pour ça, avec ses gueules de bois. Scrutez la crasse, tendez l’oreille au son rongé : quelque chose vous appelle, que vous pourriez discerner. Cet album, disais-je, s'appelle La Rafle. A vous de voir, de vous joindre ou de calter. "Do you take a chance... Baby ?".
note Publiée le lundi 6 février 2012
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Petit-déj aux fibres d'amiante. C'te son fucked-fi, dedjou (qui lui colle toujours aussi bien, hein) !
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- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
je note, 'Rowche Rumble' est une des mes favorites de The Fall...
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- Giboulou › Envoyez un message privé àGiboulou
"I don't sing I just shout All on one note" - Your heart out. Le projet de conquête de l'univers par Mark E Smith annoncé clairement dès le deuxième album. 1er degré ? 2nd degré ? On s'en cogne. On aime. J'en profite aussi pour signaler une belle reprise de Rowche Rumble par Sonic Youth sur le EP 4 Tunna Brix (1990) pour les fans des 2 groupes. Et qui fait une liaison transatlantique entre no wave et post punk. Je crois que cet enregistrement date d'une peel session. Du coup, quand Nirvana, chez le même Peel, reprend les Vaselines, j'y vois un coup de billard à 3 bandes (faire comme le grand frère, hommage à l'influence anglaise et un pont entre la tweed pop et le grunge voire même un clin d'oeil à Calvin Johnson et son internationale underground). Ou alors, je vois des liens là où il n'y en a pas.
- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
il est pas mal :)
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- SEN › Envoyez un message privé àSEN
Je comprends, pas très fan de sub-ligual non plus... Mais Ersatz GB est un très bon album, le dernier je dirais...
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