Sigillum S › Atom!

Sigillum S qui reprend Kraftwerk ! Faut-il crier au génie ou à l'hérésie ? Ma foi, un peu des deux. C'est que - qu'on le veuille ou non - Paolo, Eraldo et leur clique sont italiens, c'est-à dire si exhubérants dans leur approche qu'on attend toujours le moment où ils se vautrent, comme au carnaval : le grotesque, qui sied si bien à leurs sorties mystico-chirurgicales de tous les excès, s'accomode moins subtilement d'une musique qui se veut, paradoxalement, plus accessible. Cela commence pourtant bien car loin d'une bête reprise, ils modifient subtilement le thème de Radioactivity, en changent les timbres et les tonalités et lui donnent une nouvelle profondeur et une intensité magnifique. Puis viennent les voix. Et là, cela dépend des jours : ou bien c'est splendide tant c'est italien, ou bien c'est tout bonnement abominable. On a l'impression d'entendre trois mecs bourrés dans un karaoké beuglant en choeur les paroles de leur tube préféré, marmonnant les paroles qu'ils n'ont jamais assimilées et gravissant avec grand peine l'escalier tonal lorsque nécessaire. Pourtant, c'est ainsi qu'il a été finalisé et c'est ainsi qu'il faudra l'apprécier, dans sa déliquescence éthylique. On se régalera de la seconde version, ambient étirée à l'extrème et immersive en diable pour peu que l'on prenne le temps d'y rentrer ; l'autre bon côté de cette alternative étant qu'ils ne chantent que très peu dessus, ou bien de manière beaucoup plus solenelle, presque funèbre. La dernière version, qu'il fallait oser enregistrer, reprend le thème principal aux timbales, entrecoupés de bruits de toutes sortes dans une ambiance surréaliste de Tex Avery pour rats d'égouts. Une curiosité donc, dans le bon comme le mauvais sens du terme. J'aurai quand même aimé un jour entendre l'instrumental de 'Reversed Life' tel quel, car il porte quelque chose en lui qui aurait mérité plus de considération que celle d'une fantasmagorie sonore boursouflée.