Mauthausen Orchestra › Vernichtung Lebenunwerten Leben

L'être comme tension dramatique, son insaisissable dimension intégrée dans la catastrophe d'un système fondé sur la pulsion de mort, portée à l'excès. L'ignorance de l'inconnu ne se traduit pas tant en xénophobie qu'en mépris envers ses juges : le sentiment d'impunité y est terreau. La peur et la galvanisation, mamelles de la manipulation de masse, oui forcément, parce qu'une foule fait peur, parce que nos propres instincts refoulés également. On ne se connaît que dans ces choix révélateurs, entre instincts grégaires et intégrité morale, entre les replis et les actes. Comment choisit-on en faveur de sa propre survie, au dépens de celle des autres ? Comment choisit-on d'être bourreau, complice, et non résistant ? Ces questions, Mauthausen Orchestra n'en apporte aucune réponse : tout juste se contente-t-il de déposer une succession vaguement structurée de morphèmes, libres d'interprétations atroces, libres d'appropriations empathiques, libres d'indifférence. Sortant pour un temps des habituels miasmes étouffants, «Vernichtung Lebenunwerten Leben», album effrayant, marque un enjeu froid où il est question d'êtres qui ont choisi d'exterminer d'autres êtres. Lointain est l'autisme somnolent de «Conflict», alors que s'est approchée une barbarie sonore, cris et larsen à l'appui, dans la lignée du «Campaign» d'un certain Sutcliffe Jügend. Je vous l'assure, le résultat n'en est que plus glaçant.