C'est clair, 'Drowning dreams' est mon album favori de The Shroud. Il m'était à plusieurs reprises arrivé de me questionner quant au choix d'un patronyme si lugubre pour une musique relativement heavenly au final mais en écoutant ce disque, la réponse s'est imposée. Certes, nos Américains n'ont jamais été un groupe violent mais ce premier opus est nettement plus sombre que ce qui suivra ; nous nous rapprochons de par ces harmonies vénéneuses et nocturnes d'un deathrock soft et poétique comme le pratiquaient Mors Syphilitica ou Switchblade Symphony à leurs débuts. L'optique de production reste le dépouillement et la clarté mais, imperceptiblement, l'auditeur note que ces ambiances mélancoliques et rêveuses recèlent en leur sein une forme d'ombre belle mais inquiétante, dans le timbre de Lydia Fortner tout d'abord, toujours aussi envoûtant mais plus sec dans la manière de se poser, moins 'féérique'. Dans les mélodies ensuite, particulièrement efficaces dans leur ensemble mais également selon l'intervention de tel ou tel instrument en particulier, ainsi le clavier de l'excellent 'Death too late', la guitare aux sonorités quasiment garage de la dernière partie de 'Kiss of death', l'ambiance tribale des rythmes de 'Lover's bones', le titre le plus plombé du disque. Le groupe prouve son savoir-faire sans le moindre faux-pas, nous hypnotisant d'une manière imperceptible pour mieux distiller le délectable poison de son obscurité dans nos oreilles et nous convier dans cet esthétisme macabre à la fois théâtral et sincère.