Kickback › Forever War

Sans doute est-ce dû à mon origine géographique, mais "Forever War" était un de mes premiers CD achetés. J’vous raconte pas la surprise. Attiré par la pochette, avec insert intérieur bien glauque, et ce riff qui démarre l’album, tritonique à souhait, sur ce sample d’Apocalypse Now (c’était avant Noé), et cette brutalité crade et sèche et surtout cette voix qui n’en finit pas, encore aujourd’hui, de hanter mes soirées campagnes. Parce que, si, rétrospectivement, "No Surrender" évoquait les capitales du Sud-Est Asiatique, leur modernité et leurs néons et leurs putes et leurs trafics, Paris et ses nègres vendeurs de Tour Effel luminescentes, sa misère sociale, ses racistes, son esprit fier et Lepeniste, "Forever War" renvoie plutôt à l’Amérique du Nord et ses rednecks malsains, consanguins, ses bouseux armés jusqu’aux dents, qui organisent encore des combats de coqs, de chiens, qui baisent la volaille en mastiquant du vieux tabac, disons plutôt Leatherface que Philippe Nahon, les parents violents et abusifs, le Ku Klux Klan en soirée tough guy, la chasse du dimanche matin. "Forever War" est un pur album de hardcore, sur lequel on aperçoit déjà des orientations bien plus metal que ses homologues New-Yorkais (trop urbains à l’ancienne), une volonté de bagarre non-simulée, un son gras et rugueux d’ores et déjà malfaisant. Le côté n’est pas obscur, il bouille sous la chair, sous la peau marquée de cicatrices, derrière des dents cassées, la gueule plein de crevasses d’acnés. Un classique de la France d’En Bas, qui appelle aux armes, non pas pour la révolution, mais pour le plaisir de voir couler le sang. Aux armes, citoyen !