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K-Branding › Alliance

cd • 7 titres • 38:04 min

  • 1Japaner Sein5:56
  • 2Empirism5:10
  • 3Blurred Vision3:15
  • 4Gefahr4:01
  • 5Astral Feelings4:03
  • 6Assente Cultura9:42
  • 7Shields6:07

informations

Enregistré par Yves 'Duke' Baudhuin aux studios Etages Ion, automne 2010. Mixé par K-Branding et Duke. Masterisé par Fred Alstadt.

La version vynile est éditée en séries limitées : 250 exemplaires en copies "Noir" et 100 en version "Blanc".

line up

Grégory Duby (guitare), Sébastien Schmit (percussion, électronique, voix), Vincent Stefanutti (anches, synthés, effets, voix)

chronique

Et si le rite n’était qu’un moment d’un rapport au monde. Une mise en circonstances ; une convocation de signes qui pour ce moment seulement devront faire sens net : dramatisés, articulés, montrés ; afin que leur présence fantomatique ou explicite, ensuite, entre les actes, fassent impact et cohérence – mais alors sans marque lisible, en celà seulement que la réminiscence rendra un peu plus réel, un peu plus mystérieux Mystères et Réel ? Et vices. Et vers… Et si la musique était une tentative. Et si l’amalgame qu’on en fait de l’une, de l’autre - les clichés qu’on dégaine chaque fois qu’un groupe, un artiste, se fend de tambours qui roulent, se mêle de sons qui font échos, espaces habités qui se font véhicules… S’ils tenaient un peu, ceux-là – parce que c’est bien pratique, parce que c’est évident – d’un facile désinvolte, d’un partiel malentendu ? Tout ce fatras habituel à base de "tribal", "cérémonie post-industriel", "vaudou suburbain" ou autres quolibets d'ethnologie sociale approximative. S’il y avait nuances possibles, dans la perception des mondes sales, saturés, pollués, cramés, les nuées névrosées, psychosées, qui sont nos quotidiens et nourrissent nos cultures ; et dans la façon qu’on a de balancer ce qu’ils nous font, d’en chier, d’en suer, d’en créer ; d’en chanter des choses qui se tiennent toutes seules, rendent sans expliquer les teintes et les questions ? Les gnons et les emportements… Narrent nos histoires et nos nouvelles et nos scansions qui cherchent. D’une ère industrielle (on vous épargne le "post" parce que - voyez - rien n’est fini...), de la friche du même métal, K-Branding en est, en tient, c’est indéniable. Dans l’échardé, le déchiqueté, la suie des textures et les fumées qu’ils crachent. Dans l’usage des effets qui dégradent et enflent, dessèchent, brouillent ou boursoufflent… Infectent et pressent leur musique pour qu’en sourdent et en giclent. On aurait bien du mal, pourtant, à y entendre trace d’un quelconque discours de courant, d’école – de contre-courant même, allez, d’effondrement d’écoles – de cette anti-musique voulue qui s’était nommé ainsi - industrielle - au mains, aux bouches, aux courts-circuits calcinés d’une poignée d’artistes aux époques d’antan. Et à les voir sur scène, en chair et tout le reste, ça se confirme : en musique, ces gars-là bastonnent, cognent, bataillent avec leurs compositions : métriques cassées, timbres et enveloppes défigurées par une électronique sans tact. Mais leurs paquets de nerfs, leurs nœuds de matières et de rythme sont pleinement, complètement, foutrement musicaux ! Il y a lutte, donc, confrontation, intention peut-être de lâcher du contondant. Mais aucune volonté – c’est manifeste – de nihilisme, de mettre à mort quelque chose artistique. Ces types sont musiciens. C’est entendu, c’est manifeste, c’est réjouissant et ça fait choc. D’où brutalité, tenue, exactitude des coups décochés. D’où subtilités nouvelles, sens des proportions qui s’affine, contrastes inédits dans les espaces qu’ils forent, leurs tumultes organiques et leurs flots machiniques. D’où retour à la chose, le disque une fois entendu, les oreilles, l’entendement une fois renversés. Parce que d’abord, on n’y comprend rien. Certes. On n’y entend qu’une suite de climats agités où rien ne s’attrape – peu de mélodies en bribes, d'harmonies repérables, seraient-elles discordantes ; des montées et remous aux progression qui nous cernent mais qu’on saisit mal, à ne pas y coller de très près, à ne pas s’y abandonner complètement (et vues les couleurs et reflets du courant, on a des raisons d’hésiter). Mais à cette confusion d’abord – malgré cette impression première, aussi, que le relief n’y est pas autant qu’à l’aune du précédent – la curiosité s’agace, s’accroche : à l’une ou l’autre de ces aspérités, à l’une de ces saillies qui n’ont pas tant que ça l’air de nous vouloir du bien. On pousse le son, qui l’exige par son grain. On entend des détails, des tensions différentielles, différées, des retombées d’assaut où la qualité de l’air, sa transparence relative, l’opacité s’égaille ou se resserre à portée de perception. Toute écoute faite, celui-ci n’est pas plus hâtif, plus intangible, plus monotone que son Facial prédécesseur. Prises une à une, ses pièces peuvent sembler moins fouillées, intriquées, moins riches que sur celui-là. Mais non. C’est autre chose. On n’est plus à même échelle ou plus précisément, plus au même point de perception. Facial vibrait – jusqu’à la tétanie – d’une angoisse hostile, comme hantée par la peur du masque, celui qui nous fixait depuis la pochette de ses orbites profonds ; sa course semblait changer sans cesse, se propulser de mille points d’appui pour fuir ou pour fracasser la Malédiction des Petits Faciès. Chaque index d’Alliance développe et tourne son empan, son axe autours de quoi se mettent en branle attraction, magnétisme – non dénués de malaise, toujours pas, mais qui s’en fait substance plutôt que de le rejeter, de nous l’expulser au visage. Plutôt que de nous porter et de nous engloutir à se remuements, les morceaux déploient leur mouvement, vaste ou resserré, en percutent, glissent, filent les masses autours de nous, qui nous frôlent, touchent, traversent. En souvenirs de jazz dégondé, pulsation d’ambient viciée, transfusions, traductions d’idiomes pulsés d’ailleurs. Et quand le calme tombe il n’est plus morne, pas vraiment, sensiblement moins engourdi. On peut y haleter, certes, s’y sentir gagné par un étourdissement, s’y perdre et s'y enfoncer. Mais on y est attentif, sur le vif, aiguisé. Alliance… Comme lorsqu'en état de Possession – ou comme par exemple, dans la terminologie des sorciers de Castaneda, lorsqu'on poursuit par quelque moyen ce but difficile qui s'appelle Voir - on veut suivre l’assesseur, le messager, le psychopompe ou la Vision, donc ? … A vrai dire je l’ignore. Je ne sais pas – on y revient – si K-Branding veut invoquer, convoquer. Je ne leur crois pas la prétention de se dire Chamanes, Initiés, Passeurs vers quelque Parallèle. Mais leur musique, c’est certain, provoque. Un état différent, légèrement modifié : de l’ordre d’une transe pragmatique - musculaire et cérébrale - pour peu qu’on pousse comme il faut le volume et qu’on s’y laisse absorber. Elle stimule des surfaces, active des capteurs. Un rapport au monde, disais-je. Elle nous l’instille. Il y fait étrange, pas très rassurant. Il y fait vaste et profondeurs, ténèbres à pénétrer. Il y fait distances à couvrir et faîtes au-delà de nos yeux. Il y fait captivant. Parce que cette forêt pourrait pousser de nos murs. Parce quelle voudrait - qui sait - les déplacer à peine, les repousser un peu.

note       Publiée le samedi 17 septembre 2011

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    pas ecouté depuis 1-2 ans mais ca dechire toujours

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    c'est pas la faute de proggy, ni du gulo, ni de dioneo, ni de cyb, ni de moi, ni de quelques autres. Enfin ce groupe est vraiment snobé, globalement; le bon coté étant qu'on peut encore trouver leurs CD ou LP 300 ex. facilement.

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Vous auriez pu me le dire que ce groupe déchirait ! On me cache tout

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    K-Branding c'est ch... Tiens, faudrait que j'écoute un de ces jours.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    En tout cas ca marche toujours aussi bien ce skeud. L'intro chasse efficacement ceux qui ne sont pas inconditionnels du martelage indus tribal

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