Bloody Panda › Summon

Après la guerre, il a fallu compter les corps. Le charnier et ses odeurs. La terre brûlée, la terre chaude, grise de cendre et noire de charbon. Les paysages désolés. Les arbres nus. Au milieu d’une photo, une petite fille joue à la poupée. Elle la coiffe, la fait danser, la fait parler, lui parle, rigole, l’habille, la maquille. La poupée tombe. Elle lui tire les cheveux, lui arrache un bras, puis la tête. Puis la mange, en commençant par le bas. La petite fille prend feu instantanément en faisant du surplace, en courant sur elle-même, en rond, avant de s’affaler dans une vague posture bancale. Des hommes-singes viendront récupérer les os de la gamine pour organiser des tournois. Lors de la compétition, ses fémurs serviront à frapper les peaux des tambours fait hommes, alors que sa mère et sa tante lui rendent un hommage funéraire, derrière l’orgue du prêtre-singe chaman, psychopompe hystérique dont les mouvements nerveux s’accompagnent de tétanie et ensuite d’un état léthargique frôlant la catatonie. Le fils du singe volera les psychotropes du père, et s’en ira danser au milieu du désert, s’envoler vers les cieux, dépassant le système solaire pour s’asseoir sur les limites du monde.