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þursaflokkurinn › Gæti eins verið...

cd • 9 titres

  • 1Pínul ítill karl
  • 2Gegnum holt hæðir
  • 3Nú er haima !
  • 4Serfræðingar segja
  • 5Gibbon
  • 6Fyrst var ekkert
  • 7þögull eins og meirihlutinn
  • 8Vill einhver elska ?
  • 9Ranimosk

informations

Janvier 1982, Islande

line up

Egill Olafsson (chant, claviers, programmation), Tómas Tómasson (basse, clavier), Asgeir Oskarsson (batterie, percussions), þórður Arnason (guitare)

chronique

  • new wave progressive

Le rock ? Une musique de voyous...Le hard ? Pire, celle du Malin. Le jazz ? Bon pour les intellos...Heureusement, le progressif était là pour réinjecter un peu d'audace, de technique et d'ambition dans tout ça...Le prog' ? Un style pompeux pour virtuoses prétentieux...Heureusement, le punk arriva pour changer la donne à coup d'illétrisme musical, vite ringardisé et supplanté par le post punk, la new wave...Bataille sans fin, guerre des genres, les occasions de se retrancher dans ses quartiers n'ont jamais manqué depuis l'après-guerre...Mais pas nécessairement. Un pays comme l'Islande, par exemple, est trop petit pour permettre dans sa scène alternative l'installation de chapelles trop fermées. C'est ainsi que les musiciens de þursaflokkurinn ne prirent nullement ombrage de la new wave naissante, au contraire, ils s'en inspirèrent largement, délaissant d'un seul coup leurs influences jazzy, les structures complexes, réduisant leur personnel à quatre membres. Exit également l'orgue, le basson, la nouvelle orientation se concentre uniquement, outre la guitare, la basse et la batterie, sur les synthés et la boîte à rythmes. Les sonorités se font plus froides, plus dépouillées mais il serait faux d'imaginer que le groupe se renie pour autant, 'Gæti eins verið' est un album de new wave joué sauce progressive. 'Pinul itill karl' débute avec une rythmique funky aussi fluide que synthétique agrémentée d'accords de guitare acoustique et de vocaux un brin graves calqués sur le beat sonnant limite improvisées. Une oreille attentive décèlera de lointaines influences reggae dans celle de 'Gegnum holt hæðir', coupées de touches grinçantes à la guitare, légèrement psychédéliques dans le rendu. Le talent des musiciens est de traduire ces cohabitations contre-nature sous forme d'une fluidité pop des plus trompeuses. La chanson suivante déstabilise ; sa froideur dépouillée, ses délires vocaux discrets mais étonnants dégagent une atmosphère qui me touche beaucoup. La production est remarquable, notamment l'insidieux et malsain petit clavier en arrière-plan, quant au chant de Egill Òlafsson, il concourt beaucoup à la touche décadente qui prévaut tout au long du disque. La pièce suivante m'évoque quelques échos du 'Money' de Pink Floyd couplé avec la rythmique de 'Let's go to bed' des Cure avec des vocaux typiques de nos Islandais. Sur 'Gibbon', þursaflokkurinn paie son tribut à Kraftwerk en assumant plus que jamais sa touche purement synthétique (la boîte donnant le tempo sur lequel se greffe la binarité de la batterie) tandis que le chant paraît fantomatique en occupant le second plan. C'est toute la vague pop glacée des années 2000 qui est ici préfigurée mais avec une identité plus affirmée, une forme de noirceur organique transmise par les vocaux qui équilibre la grisaille des machines. Histoire de surprendre son monde, le quatuor relance ses rythmiques hypnotiques en remplaçant le synthé par de l'orgue Hammond...Etrange impression que nos Islandais renouent avec leur ancien style sans que ce ne soit le cas. Plus direct et légèrement punk, le titre d'après rompt la transe hypnotisante qui baignait la grande partie du skeud par une injection électrique plus marquée mais ce n'était qu'un break temporaire car 'Vill einhver eiska', ballade héroïque, renoue avec la glace des synthés ; on pourrait lui reprocher ses arrangements trop dépouillés mais le chant, superbe une fois encore, y occupe une place suffisamment importante pour équilibrer le tout. Progressif un jour, progressif toujours ? Les musiciens s'accordent un clin d'oeil à leurs anciens amours par un final instrumental plus long et plus typique de leur ancienne formule : c'est une version synthétique de Ennio Morricone qui, sur fond de roulements doux, s'étire paresseusement avant un break jazzy très retenu où la guitare s'offre de petits solis discrets pour effectuer un retour sur le thème de départ, sauf que la frappe est directe et non roulée (pas pour longtemps d'ailleurs), le tout dans une ambiance étrangement feutrée. Difficile de savoir à qui s'adresse ce disque. Les fans de rock progressif ne lui reprocheront-ils pas son arsenal synthétique et ses orchestrations dépouillées ? Quant aux amateurs de new wave lambda, ils trouveront ça trop complexes...J'espère que tous auront néanmoins l'humilité de reconnaître l'incroyable travail fourni sur ce disque, cette manière de fluidifier des structures bien plus ardues qu'elles n'y paraissent, cet habillage pop trompeur qui dissimule une profondeur de champs à la fois feutrée et décadente. Pour ma part, cet opus me fascine, m'apaise, m'émeut, par son atmosphère unique accentuée par l'usage de la langue islandaise...Alors rock progressif synthétique ou new wave remarquablement sophistiquée et intelligente ? Et si on arrêtait les questions à la con pour écouter, simplement ?

note       Publiée le mercredi 14 septembre 2011

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