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Paris (samples, synthés, bandes), Rozz Williams (synthés, loops, guitares, effets, manipulations, bandes)
'Je n'aurais jamais cru que la mort avait une odeur...J'aurais aimé qu'elle pue mais ce n'est pas le cas, c'est une odeur fraîche, nauséeuse, qui démange...Un fumet à peine perceptible et pourtant étouffant, quelque chose que l'on remarque à peine, une sueur anonyme, obsédante à en devenir asphyxiante...Bon sang, on ne sait jamais à quoi s'attendre mais l'inévitable va finir par se produire. Mon sang bout car la mort c'est aussi une musique, des sons qui grouillent comme des insectes à l'intérieur de mon cerveau, des grincements qui lacèrent ma peau, des nappes lourdes et répétitives qui font trembler mes pieds...Ont-ils bouffé l'oxygène ? J'ai beau me réfugier dans l'obscurité, les visions sont encore pires, le monde et ses images dansent devant mes yeux, se déforment comme un écran de télévision qui foire. Si seulement je pouvais hurler mais je crois que les mots eux-mêmes sont devenus des sons, des lignes d'aigus nauséabondes qui me brûlent la langue ; j'ai beau frapper contre les murs, la brique résiste, se teinte de mon sang, de ma douleur...J'en arrive à battre ma propre marche funèbre mais je ne suis même plus certain que ça fasse mal. Romantique, la mort ? Tu parles, je rampe sur le plancher à me nourrir de poussière parce que l'air de la chambre me compresse les poumons...Ces sonorités, ces boucles, si elles pouvaient cesser de tourner, tourner, tourner encore à m'en rendre fou ! Arrêtez ! On dirait que le sol va m'avaler...Il y a donc pire que l'obscurité, cette nuit-là est jaunâtre comme le pus, ces ombres-là sont tièdes, malades, comme mes idées...Dormir, ne plus songer à ces bruits qui me vrillent la tête, à ce magma qui couvre le tapis miteux où je me recroqueville comme un foetus. Si je pense, c'est que je vis mais est-ce vraiment le cas ? Le sang dans mes veines dégage un vacarme assourdissant, le silence qu'on hurle, voilà la musique de la mort ! Le voyage n'en est qu'au début, j'ignore comment mais je le sais et ça fait mal. J'aimerais me percer de mes ongles mais ils sont devenus si mous, je perçois les cris de mon enfance en une ronde moqueuse, il faut stopper tout ça ! Envie de vomir, de rêver, d'un shoot, d'une prière...La mort, c'est pire que tout ce que l'on imagine, c'est le vide absolu, la tristesse qui te scie les muscles...Ne plus savoir...Vivant ? Mort ? Ne restent que des sons qui s'éparpillent dans la pourriture des murs...Allez vous faire foutre, mon pays de merde, les gens, les matins polluées, l'amour jamais arrivé...Et dire que c'est la vie qui m'a conduit là...' Après avoir achevé la lecture de ce cahier trouvé au pied du lit, emballé dans un drapeau américain froissé, je me suis rué dehors pour dégueuler. La bile m'a brûlé la gueule mais cette douleur acide m'a rappelé que moi, j'étais en vie et jamais je crois, je ne me suis senti aussi soulagé ! Qui pouvait se haïr assez pour se composer un requiem aussi terrible, la bande-son de son propre chemin au suicide ?
note Publiée le jeudi 1 septembre 2011
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@Kaoru, si tu as envie de ressentir ce que je décris, tu vas adorer; sinon tu vas détester. C'est l'un des travaux les plus intenses de Premature Ejaculation à mon sens et le plus noir...
T'es sur que t'as bien regardé ?
Et sinon, la critique du disque elle est où (à part dtc)? Concrètement le disque il vaut quoi?
Wao, jolie chronique !
..et tu ne vas pas le regretter, "Il y a donc pire que l'obscurité", se faire avaler dans les ténebres que l'on regarde.