Tribe After Tribe › Pearls before swine

C'est sous forme de trio, au sein de Three Fish, et en compagnie de Jeff Ament (bassiste de Pearl Jam) que Robbie Robb, chanteur sud-africain engagé, a pu accéder à une audience plus large. Le grand public a ainsi découvert un artiste sensible, ancré dans l'esprit du blues, qui fait de la rencontre entre le folklore de son pays et l'urgence rock son cheval de bataille. C'est cette même tendance qui se retrouve dans son groupe, Tribe after Tribe, que les aléas de la vie ont poussé à mettre en veilleuse. Sans être des gloires dans leur pays, les membres de Tribe after Tribe distillaient jusqu'alors une musique rock énergique et enlevée, à mi-chemin entre The Police et The The, mais avec cette touche particulière qui les rattache aux grands courants altermondialistes. Ainsi, fort du succès critique rencontré par Three Fish, Robbie Robb réactive en 1997 Tribe After Tribe en conviant Jeff Ament, et en se payant le luxe d'engager Doug Pinnick (de King's X). "Pearls before Swine" est cet album du retour où l'on retrouve tout le charme des textes rudes, allégoriques mais engagés de Three Fish ("Ballad of Winnie", "Pat on the Block"), et une instrumentation ample qui se repose sur des rythmiques qui se veulent envoûtantes ou tribales ("Boy", "Uh Oh" ou "Fire Dancers" qui, avec ses percussions et ses choeurs, ravivera dans l'esprit des plus chanceux les grands moments de "The Rhythm of The Heat" sur le quatrième album de Peter Gabriel). Contrebalancé par une touche folk ou bluesy, imputable à l'influence de Pearl Jam, lui-même influencé par Neil Young, ce nouvel album comporte des moments de lyrisme ("Hopeless the Clown") qui l'inscrivent dans l'école de ce rock adulte que pratiquait autrefois Led Zeppelin (entre "III" et "Physical Graffiti"). Ce ne sera toutefois pas suffisant pour que cette oeuvre intègre puisse prétendre au même succès, handicapée par quelques longueurs notables et une certaine forme d'austerité.