Pascal Comelade...Ce nom m'était vaguement familier mais impossible de me rappeler pourquoi...Les chroniques sur Guts, bien évidemment ! Ce que je peux être distrait parfois...Bref, à priori rien dans mon créneau musical, si ce n'est qu'en 1980, l'homme a fait partie d'un trio éphémère baptisé Fall of Saigon, probablement à des années lumière des genres qui ont fait sa réputation (mais de la part d'un tel touche-à-tout, faut-il être surpris?). Oeuvrant dans un minimalisme synthétique (malgré leur goût pour le Velevet underground, les Ramones, Blondie) que l'on pourrait rapprocher de celui des Allemands de Liaisons Dangereuses (en moins barré et plus froid) ou des Young Marble Giants (influence revendiquée), les musiciens optent pour la formule 'chant tantôt féminin, tantôt masculin, guitare, clavier et boîte à rythmes'. Deux ans de carrière, un seul maxi et quelques inédits ici rassemblés. De ces maigres éléments, Fall of Saigon parvient à tirer le meilleur, usant de structures répétitives dont l'essentiel fait mouche. C'est ainsi que s'il n'est pas surprenant de voir le trio s'attaquer à une reprise de Kraftwerk en concert, le pari semblait plus risqué avec 'The End' des Doors et pourtant cette version personnalisée, atmosphérique et un brin toxique, est une belle réussite. Quant à leurs propres compositions, elles sont efficaces elles-aussi, qu'il s'agisse de l'entêtant 'She leaves me all alone' à la grisaille cold wave (un tube véritable) à la pop synthétique aux lignes pompées du 'Passion of lovers' de Bauhaus (à moins qu'il s'agisse d'un hasard) de 'Visions' sans oublier 'Blue eyes' et ses petits orgues ou le mélancolique 'On the beach at Fontana', poème de James Joyce mis en musique de poignante manière. Les inédits, plus tardifs, se montrent plus riches en instruments puisqu'interviennent saxophone, harmonica, xylophone et melodica et bien sûr le piano ('Andalucia') mais s'inscrivent toujours dans cette optique épurée, un peu triste, débarrassée du charme cold wave synthétique des débuts et pour être franc, je les goûte assez peu mais chacun jugera. Reste que sur treize pièces, j'en garde dix dans ma besace, histoire de les emporter un peu partout sur les routes du monde.