J'aurais aimé vous parler de la voix sous un angle générique, de son pouvoir ancestral, qui porte les mots et les folklores sur la vague du temps et des saisons. C'est une très grande voix que celle de Garmarna, articulant la langue suédoise en toute féminité, ronronnant avec souplesse les «r», prolongeant indéfiniment les «å», les «ö». Mais, emporté par le charme de l'exotisme de ces langues que l'on saisit du bout des doigts et qui ne forment que vocalises sensuelles pour ceux qui ne la comprennent pas, je n'aurais pu vous en dire plus sans m'enliser dans un vocabulaire métaphorique surfait dont la répétition m'aurait encore plus ennuyé que vous. Ecoutez cette voix et suivez-là, sinon, tant pis pour vous, voilà. Suivez-là au travers du folklore arrangé qui, comme chez les lettons d'Ilgi ou les finnois(es) de Värttinä, ne craignent pas l'adjonction osée d'instruments modernes : ici une batterie solide, une basse, parfois une guitare (les cris du 'Varulven', le loup-garou) ; donnant un piquant grandiose à la base traditionnelle (cornemuses, cordes). Suivez-là surtout à travers ses histoires, que l'on saisit à travers les ambiances, les titres et ce que les langues germaniques ont de familier ; ou laissez-la se reposer sur les instrumentaux plus traditionnels. La production puissante, presque rock, prend le risque de faire sonner Guds Spelemän pour un album moderne mais partout le souffle antique, païen, déborde ; peut-être plus épique qu'authentique, impression confirmée sur les albums suivants où même l'électronique fera son entrée.