Quand j'ai pas envie de me prendre la tête je ressors souvent les mêmes disques. Une précieuse petite pile à laquelle s'est ajouté, il y a deux ans, ce Dax Riggs à pochette lippue dont le digipack s'orne d'une des textures glacées les plus approximativement réparties que je connaisse. On ne les compte plus, ces leaders doom / sludge qui veulent appâter de la donzelle, et ce qui est sûr c'est que l'ancien chanteur d'Acid Bath ne doit plus enculer que des iguanes depuis cet album, étant de toute façon à la base un genre d'agaçant beau gosse rebelle pas lavé dans le plus pur style Cobain (vous excuserez ces considérations physiques déplacées). Avec Daxou, c'est tout simple et pas besoin que je sorte l'attirail métaphorique à base de bourbon de drogue dure qui pourrit les dents et tous ces ustensiles journalistiques rouillés pour attirer le chaland... simple, ça l'était déjà avec les Deadboy & the Elephantmen, ça l'est encore plus ici : c'est un retour aux essentiels - et c'est ce que j'appelle, tout simplement, un bon disque de grunge et de grange, enregistré par deux musiciens qui avaient de toute évidence juste envie de se payer un bon moment. Album récréatif donc, équilibré et rafraîchissant (ce qui n'est pas forcément le cas du suivant), avec des chansons sautillantes, deux trois ballades simples mais efficaces, rien d'original ni de transcendant mais comment dire, malgré l'évidente différence d'envergure et de poids, il m'est difficile de dissocier cette voix, cette ambiance, de ce qui fût avant Acid Bath ; de toute façon chez Acid Bath il y avait déjà des jolies chansons pour plaire aux filles non ? Ici Riggs, fait le beau, s'inscrivant dans la longue série des hardos se prenant pour des bluesmen qui sentent bon passé la trentaine, mais lui a un je ne sais quoi d'intime et de personnel qui fait passer le truc, trop subtil à décrire, ça se joue probablement qu'à une question de ressenti personnel. Petit détail non négligeable : aucun morceau n'excède 3 minutes, ce qui en fait un album extrêmement digeste. Y a du mielleux en jean troué - chemise de bûcheron, du swamp à la Creedence pour faire bonne mesure, un peu de glam à la T.Rex ("Wall Of Death", pourtant reprise à un type qui n'a rien de glam), moins surprenant quelques petits passages stoner ("Truth In The Dark", petite bombe à la Kaïeusse), Dax quand il se laisse aller a une voix éraillée tout à fait charmante qui me rappelle Mark Lanegan et parfois Bertrand Cantat, les refrains sont à l'occasion très accrocheurs tendance contagieux (I didn't know yet, what I'd know when I was bleeeedin'... nananana) même si on jurerait qu'il les a tous pillés à d'autres, on ne peut s'empêcher de penser "énergique" et "spontané" et d'afficher un sourire de sympathie. We Sing of Only Blood or Love, avec décontraction, s'installe tranquillou au panthéon des disques rock dont on se sent obligé de dire qu'il se chantent sous la douche, alors que personne ne chante réellement sous sa douche, et que dire qu'on chante sous sa douche c'est le truc le plus ringard à faire pour donner envie d'écouter un disque, raaah putain je savais que j'aurais pas dû dire ça !... Anyway, thank you Daxy.