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Killing Joke › what's THIS for...!
- 1981 • EG records 1 CD
cd • 8 titres • 42:01 min
- 1The Fall of Because
- 2Tension
- 3Unspeakable
- 4Butcher
- 5Follow the Leaders
- 6Madness
- 7Who Told You How ?
- 8Exit
informations
Town House, Londres.
La réédition CD 2005 contient deux remix dub (pour "Madness" et "Follow the Leaders") et "Brilliant" (qui donnera son nom à l'éphémère groupe de Youth), à l'origine face-B instrumentale de Empire Song, excellent morceau avec une basse généreuse et une ambiance tropico-indus-funk pas piquée des hannetons.
line up
Jaz Coleman (chant, clavier), Paul Ferguson (batterie), Geordie (guitare), Youth (basse)
chronique
Ceux pour qui l'étiquette indus est usée à tort et à travers lorsqu'on rentre dans le domaine des formations rock peuvent aller se faire mettre d'emblée : si ce Killing Joke-là ne la mérite pas un petit peu, aucun des autres ne la méritera. Le premier album encore tout chaud à la sortie de ce What's This For... ! débitait de l'hypnotique riffu et vaudou en veux-tu en-voilà, passé un EP non moins génial (je vous renvoie à l'excellente chro de mon collègue). En comparaison, on peut clairement dire que l'éponyme était dansable à mort, qu'il donnait envie de faire mumuse avec ses pieds, que ça coulait naturellement : bref c'était FLUIDE. Ici, c'est pas fluide. Et ça coagule pas mal par endroits, genre thrombose. Tu t'assieds, tu la fermes, et t'auras pas à espérer plus de deux-trois envies furtives de zouker, dont les noms seront Follow The Leaders et Tension. Gris anthracite sur du gris ardoise, pour te situer les nuances cher lecteur, et constat sans attelle : les enthousiastes qui viendront chercher la même fougue et la même urgence animant l'éponyme dans What's THIS For...! seront voués à la sieste ou à l'indifférence sur une bonne partie. De mon côté, j'avoue que j'ai dû le ressortir guère plus de deux demi-douzaines de fois depuis que je l'ai acheté - c'est pourtant un de ceux que j'ai découvert en premier - avec à chaque fois la certitude que je m'y sentirais pas à l'aise. Même si le grain reste identique, même si l'impression de faces B sans éclat persiste, ce disque n'est au final rien d'autre qu'un remugle âcre et tue-l'amour, émanant probablement d'un abattoir abandonné, le bâtiment juste derrière ce squat bondé dans lequel ils passaient Wardance et Pssyche quelques jours avant... on peut facilement deviner l'humeur de nos rosbifs lors de l'enregistrement (le flingue du label collé sur la tempe, un timing menu, et en toute logique, autant de cœur à l'ouvrage que maman sous papa). Même son corrodé (ceci sera même accentué par le remaster ; mmh moui je sais c'est incroyable), même chant halluciné de Coleman en prêtre urbain, même goût de fer et même ambiance rouille'n'roll, en enlevant un paquet de roll et en ajoutant de la rouille - même groupe de toute façon. Mais version post-coïtum, animal morose. Ici vous n'aurez droit qu'au matraquage le plus rigide et aveugle de la part de Geordie, Youth et Ferguson - et surtout Ferguson, tant le côté rythmique-tribal-papapam est accentué ici, tant ce Killing Joke peut être, à juste titre, considéré comme percussivement le plus grandiose... Le même jeune Killing Joke, ce même sac d'os halluciné, cette même bête au regard perçant, mais en mode plombage dentaire clinique, ne s'embarrassant d'aucune fioriture, sinon une intro à base d'aboiements de chien bien sinistre et un vague sample de canardage militaire. Un Killing Joke qui n'est pas ton ami, et n'a que foutre de tes sentiments, de tes émotions, se contente simplement de faire résonner le glas des complexes sidérurgiques, au volant de la carcasse carbonisée de ce bolide totalement jeune et décomplexé qu'on appelait il y a encore cinq ans de cela 'punk'. Insensible. Implacable. Pesant... Prenant. Toujours ce même groupe offert au regard des briques rouges, autour de ce même feu. La même religion. Mais les danses se sont muées en processions. Les structures réduites, ternes, boiteuses. Le son de guitare, le son tout court, plus acide, sale, qui se sent dès "Fall of Because" : ça pique, c'est moche... Toutes ces considérations de journaliste pointilleux pour dire quoi ? Qu'il s'agit probablement de leur album le plus austère, le plus abrupt, le plus froid, tout simplement. Un disque difficile à adorer, auquel on ne s'attache pas vraiment, qui semble posé dans cette belle discographie comme le plus anonyme des parpaings. C'est bien là que réside tout son caractère, son poids. Et son indicible puissance.
note Publiée le dimanche 29 mai 2011
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- Procrastin › Envoyez un message privé àProcrastin
Geordie c'est quand même un des gratteux les plus géniaux que la terre ait porté.
- Note donnée au disque :
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Upgraded.
- surimi-sans-mayo › Envoyez un message privé àsurimi-sans-mayo
"Unspeakable" dégage un truc similaire à "Banging The Door" de PiL. D'ailleurs de manière plus générale je vois cet album comme très proche de Flowers of Romance. Y a cette même vibration profonde, ce voile d'ombre qui plane.
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo Dioneo est en ligne !
Je découvre/redécouvre (selon les disques) ces Killing Joke d'avant la new wave du temps de la nuit et ouais, je suis d'accord : avec la chro ET avec les commentaires qui semblent faire plus "ouvertement" l'éloge de ce disque. Parce qu'en fait pour ce que j'en comprends, ils disent finalement la même chose : ce KJ période batterie de guerre/cérémonie + riffs tordus/ramassés + voix encore entre la déclamation de slogans en manif et prêches hallucinés (je veux dire : qui ne donne pas encore aussi complètement ou presque dans le registre Prophète Millénariste Habité...), c'est la version ultra sèche, rêche, qui fait pas l'effort de te voir entrer, du truc. Ça lui donne une force en effet encore un poil plus abrasive que ceux autour et oui, ça le rend en même temps à peu près aussi accueillant que du The Fall de la même période (c'est à dire VRAIMENT PAS, si jamais c'était pas clair). Sacrée combinaison, ça.
- Procrastin › Envoyez un message privé àProcrastin
Mais si, il est tout à fait dansant celui-ci! Ya une énergie qui tiens du juvénile qui sert les dents, qui donne envie de grogner et de vandaliser sans autre but que de lâcher la pression. De la hargne quasi sexuelle, du groove méchamment et bêtement nihiliste, affuté et libérateur.
- Note donnée au disque :