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M.B. › Regel

vinyl33t • 2 titres • 46:51 min

  • 11.23:31
  • 22.23:20

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Maurizio Bianchi

chronique

Peut-on considérer Maurizio Bianchi comme le point aveugle de sa propre musique ? Il n'y est en apparence jamais question de lui, il ne s'y projete consciemment pas, comme si son être s'effaçait devant ce monde qui l'entoure et qui l'effraie tant. Tous les morceaux de MB finissent en une bouillie glaçante, sans position, sans sentiment, sans intention : un son grisâtre qui tient autant de la boue que du brouillard. Une neutralisation en quelque sorte. Pourtant, derrière cette stérilité volontairement in-signifiante, de celles qui s'attachent par malice à ne pas nourrir la conscience de l'auditeur, se cache la profonde souffrance de Maurizio Bianchi, de cet homme renonçant à appartenir à un monde dont il croit qu'il court à sa perte. Une souffrance existentielle qui le livre naturellement en pâture à la pulsion de mort ; j'engage d'aileurs chacun, s'il le désire, à déceler celle-ci derrière le son... Fidèle une fois de plus à son mode opératoire, Bianchi a articulé son «Regel» autour de l'altération, de la dégradation, comme un virus venant dévorer tout semblant de vie. C'est par une trame aux couleurs métalliques, évoquant quelque vapeur toxique, que débute la première face, soutenue d'échos de modulations bouillonnantes et d'oscillations réverbérées, malmenée par les usuels changements de défilement de bandes. La structure sonore se métamorphose dès la 13ème minute en une mélodie étirée, déprimante, avant de se laisser porter par un enchaînement de ruptures, qui vient casser la nausée hypnotique sans pour autant introduire de changements véritables. Se complaisant dans son indétermination, satisfait de son imperfection bancale, le morceau joue à une imaginaire quête d'identité. Porté jusqu'au bout du raisonnement, le morceau aurait sans doute pu très bien fonctionner, mais là il faut bien admettre une certaine faiblesse d'inspiration qui le rend passablement ennuyeux. La deuxième face démarre quant à elle par une déroutante mélodie à un doigt, au rythme incertain, comme si Bianchi s'amusait à singer quelque synthétiste amateur. D'un intérêt proche du néant, cette introduction va néanmoins servir de matériau de base à la machine MB qui, dès la troisième minute, va se mettre à dérouler son imparable dispositif de dégénerescences et d'alterations en tous genres (timbres, filtres, morphismes, accélérations/ralentissements, etc), venant souiller la mélodie, la détruire peu à peu. Cette deuxième face, plus logique dans son développement, fonctionne donc en comparaison bien mieux que la première. On l'a compris, un disque représentatif d'un savoir-faire certain, mais en définitive peu enthousiasmant quand on connaît l'excellence dont est par aileurs capable notre Milanais préféré.

note       Publiée le dimanche 3 avril 2011

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    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Je découvre Bianchi avec une cassette sortie récemment, j'aime assez, il faudra que je me penche sur les "classiques" à l'occasion.

    CeluiDuDehors Envoyez un message privé àCeluiDuDehors

    Celui-ci n'est pas assez concis...et les idees sont pas aussi fortes que sur les autres albums mais sympa quand meme pour completer la collection!

    Note donnée au disque :       
    22goingon23 Envoyez un message privé à22goingon23

    Acheté chez Final Musik, excellent et très sympathique label italien. Après plusieurs écoutes, je le trouve excellent ce Regel avec ces 2 facettes opposées, ses 2 univers complémentaires : une première face nous plongeant dans les entrailles d'une infernale machinerie abyssale, la seconde plus cosmique nous propulse dans les sphères du grand Nihil.