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Plaid › Not for threes

  • 1997 • Warp WARP LP 54 • 1 LP 33 tours

cd • 16 titres • 64:48 min

  • 1Abla Eedio 7:56
  • 2Kortisin 5:23
  • 3Headspin 5:34
  • 4Myopia 4:32
  • 5Lat 0:46
  • 6Extork 4:11
  • 7Prague Radio 4:46
  • 8Fer 4:35
  • 9Ladyburst 4:19
  • 10Rakimou 6:02
  • 11Ol 4:55
  • 12Seph 1:36
  • 13Lilith 4:38
  • 14Forever 1:16
  • 15Getting 2:55
  • 16Milh 5:24

informations

Masterisé à Matrix par Docdata

Design par Think1 - Photo par Robert Clifford

chronique

  • i.d.m. (imagination dreams melancholy ?)

Je n’ai pas d’explication à donner pour la fascinante pochette chirurgique de ce disque. En revanche, le "threes" du titre semble une allusion au numéro des urgences anglais (333). Il était une fois un discret duo qui avait décidé de placer le rendu émotionnel de leur musique au-delà de tout autre considération. Aucune concession à l'expérimental, charmant paradoxe, non ? Peu de photos, pas de clip, pas vraiment de "figure technique" à la Aphex Twin ou Autechre ici, aucun os à ronger. Pourtant Plaid s’inscrit bien dans la lignée des débuts de Warp, dans lesquels ces deux artistes se sont illustrés. Ils ouvrent simplement un nouveau chapitre, plus organique et atemporel, prenant place dans une jungle de silicone et de verre, découpée parmi les plastiques translucides et les tessons de bouteille par quelque artiste patient, qui aurait rendu tout cela propre et étincelant de nouveauté. On comprend pourquoi Plaid était destiné à travailler sur des images (leur DVD concept Greedy Baby et leur BO du film d’animation Amer Béton…), tant leur musique évoque paysages et travellings, tout au long de ce très ambitieux Not For Threes. Dès la longue mise en place, on est accueilli par les sifflements des oiseaux de paradis cybernétiques, frappé par l'immensité de cet univers. L’identité du groupe est immédiatement évidente, elle est faite de mélodies enfantines et mélancoliques avant tout, de rythmes au service du développement des morceaux, qui s’enchaînent en fondu pour ne former qu’un long voyage merveilleux. On comprend, quand arrivent les marimbas de Myopia, que ce qui peut signifier exotisme dans le monde des humains est ici vu avec des yeux d’enfant, ignorant toute référence. Ainsi la voix mutine de Nicolette, rafraîchissante comme un cocktail à la menthe sous le tropique du capricorne, semble celle d’une enfant sauvage (Extort). L'indolente virevolte avec grâce, dédaignant les beats presque indus qui se profilent et font vibrer nos enceintes.

Une mélodie bourgeonne, puis bat des ailes tel un papillon, avant de s’épanouir sur un rythme incroyablement syncopé et galvanisant (Fer). La dopamine dans les jambes, la tête dans la canopée, l’auditeur se sent comme un géant vert, un casque de 10 tonnes sur les oreilles, les sens en extase. Le début de la face C est joie de vivre. De vivre et de groover. Sur Ladyburst, un genre de moteur de solex futuriste sur coussin d’air ronronne en cadence, tandis qu’un autre beat imparable prend possession de nos synapses rythmiques. Les mélodies ne sont jamais très développées, 3 ou 4 notes sans plus, comme de multiples colibris autour d’un grand arbre sur lequel le lierre ferait éclore des grappes d’orchidées. C’est comme si par ce futurisme radieux et radical en cette année 97, Plaid voulait faire une boucle et atteindre un état d’harmonie organique, primitive, d’avant le monde moderne. Et c’est tout naturellement que la fascination se mue en recueillement sur Rakimou, prière tout en voyelles, sans mots. C’est une certaine Mara qui chante… Cette mélancolie d’une autre sphère se termine de manière fascinante : une guitare psychédélique (ou quelque chose y ressemblant) vient chatouiller nos cordes sensibles, tel le Hendrix orfèvre et pointilliste des derniers jours, puis un fade-out s’amorce, ne laissant à peine le temps à un accordéon d’ouvrir la porte, comme revenu du fond des âges, appelé par cette complainte de sirène. Retour à la techno/jungle en folie avec Ol, qui une fois de plus, attend les toutes dernières secondes pour laisser s’échapper son pollen mélancolique, telle une fleur à la fin de l’été. On pourrait d’ailleurs interpréter chaque face du double vinyle comme une saison, Myopia étant l’annonce du printemps, Rakimou la langueur de l’été finissant, et Lilith le contrecoup d’un automne sans pitié. Björk y joue le rôle d’une louve que la faim et la difficulté ont rendu hagarde et pleine de spleen. "You can have me, but I’ll defend my child". Ses fans considèrent ce morceau comme l’un de ses plus grands, du niveau de Post, et ils ont raison. Une langue de brume violette semble alors envahir la forêt, tandis que les feuilles tombent en masse (Forever). Not for Threes se termine au ralenti, la vie se retirant sous terre, laissant place à un long moment de flottement qui se savoure, avant la chute des premiers flocons (le délicat démarrage de Milh). Une voix d’androïde chuchote un message imperceptible en fond, puis c’est l’heure de remettre l’aiguille sur la face A, et de recommencer un nouveau cycle.

note       Publiée le mardi 29 mars 2011

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Oeuvres maîtresses de la fin des années 90. Not for Threes est de cette trempe, si ce n’est plus.

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électronica mélodique plus que rythmique/texturale, pour faire très très simple.

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même (glorieuse) lignée, même si tout oppose les deux duos, finalement.

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allobroge Envoyez un message privé àallobroge

Oh que oui c'est vraiment pas terrible pour du Plaid.

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Il m'a moyennement convaincu celui là (phénomène de la chro meilleure que le disque en fait)... Je trouve Rest Proof Clockwork franchement au dessus de ce Not for threes.

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Tallis Envoyez un message privé àTallis

Un album aussi riche et dense que le laisse prévoir la chronique. Va me falloir du temps pour digérer tout ça...

Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Plaid en live ca a tué ! Plus rentre-dedans que je le pensais, avec de la grosse bassline et du mitraillage à la Autechre. Vraiment kiffant.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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GinSoaked > Ouais t'as raison, je vais changer la tournure. C'est juste qu'au début des années 2000 je l'ai perçu comme ça mais c'est vrai que Bytes de Black Dog est sorti en 93 et que c'était quand même déjà un disque culte. taliesin > Ha ha bien vu, il y a justement un petit logo avec deux "3" collés sur la pochette... J'avais pas lu cette itw.