Vous êtes ici › Les groupes / artistesKAlain Kan › Et Gary Cooper s'éloigna dans le désert...

Alain Kan › Et Gary Cooper s'éloigna dans le désert...

lp • 9 titres

  • 1Blaky
  • 2Une espèce de Lolita...toute verte
  • 3Le premier bébé de Lady Star Lune
  • 4Café-Cafard
  • 5Pas si facile l'ami [reprise de Ron Davies via David Bowie]
  • 6Hollywood suicide
  • 7Nadine, Jimmy et moi
  • 8Go go dancer
  • 9Falling in love again

informations

line up

Alain Kan (chant), Laurent Thibault (basse, percussions), Roby Finkel (claviers), Jean-Pierre Carron (guitares, percussions), Dave Montgomery (batterie)

Musiciens additionnels : Serge Derrien (guitare, flûte), Jean-Yves Ar Floch (claviers), Popov (batterie), Dan Ar BRaz (guitare), Dingo (aboiements)

chronique

  • glam rock cabaret

Ce 14 avril 1990, plusieurs témoins affirmeront l'avoir aperçu sur un quai de métro parisien; ce sera la dernière fois, plus la moindre nouvelle, le plus petit signe de vie depuis. Baisser de rideau mystérieux et inexpliqué à l'image du personnage, électron libre avant-gardiste et incompris du paysage musical français. Bien des qualificatifs siéraient à Alain Kan: dandy glamour, premier punk de l'Hexagone, David Bowie français...Pourtant lorsque le beau-frère de Christophe sort ses premiers EPs entre 1963 et 1964 (aucune composition de sa plume, reprises de succès américains), personne ne se méfie de ce crooner variété sans le moindre relief artistique. Au retour de son service militaire, sa personnalité change. Après avoir rencontré Dani, Barbara ou Serge Gainsbourg, le jeune homme se tourne vers le cabaret, se façonne un personnage vaguement androgyne, certains textes se mettent à aborder ouvertement le thème de l'homosexualité. Musicalement, quelques singles mais ce n'est pas encore le nirvana, le ton reste trop pop même si l'ensemble se débride. La découverte de Roxy Music et surtout de David Bowie sera la dernière étincelle qui mettra le feu aux poudres comme en témoigne ce premier album sorti en 1975. Inutile de chercher la moindre explication à son titre, autant s'engouffrer directement dans la musique. Surprise, 'Blaky' débute comme un disco groovy avec les premières paroles chantées sur un ton de fausset à la Bee Gees, mais vite Kan interprète un second rôle d'une voix plus masculine et l'on comprend vite le propos: une dispute dans un couple où Blaky, vieux macho violent, meurt d'une crise cardiaque en tentant de violer sa femme. Celle-ci, visiblement pas très maligne, s'en réjouit et imagine son futur...Petite histoire cruelle, truffée d'un humour noir qui ne fait que débuter comme en témoigne 'Une espèce de petite Lolita toute verte', plus sombre, sorte de spoken word sur fond de blues rock hypnotique qui se termine en orgie cauchemardesque où le personnage 'et ses 2000 soeurs' se jettent sur le chanteur pour le dévorer. Celui-ci hurle, les insulte ('Salopes, laissez-moi !') jusqu'au chaos final. 'Le premier bébé de Lady Star Lune', magnifique titre, est un clin d'oeil évident à David Bowie et Ziggy Stardust; le ton est plus glam, décadent. 'Café Cafard', plutôt moyen dans ses textes, ne vaut que par l'interprétation ambiguë et un peu folle de Kan et l'on glissera vite vers 'Pas si facile l'ami' inspirée de 'It ain't easy' de Bowie (encore !) où notre chanteur fait mouche de magistrale façon. Le plus beau arrive alors, 'Hollywood suicide', longue pièce mélancolique de plus de huit minutes, nocturne et pluvieuse, avec des accents progressifs sur le final où la mort emportant le personnage est évoquée uniquement par la musique, notamment de belles plages de flûtes et des accords de guitare sèche s'emballant tandis qu'un piano maladif se mêle à la batterie. Une réussite ! Plus classique et funky mais sulfureux en diable de par ses paroles contant la bisexualité et l'amour à trois, 'Nadine, Jimmy et moi' vaudra des ennuis avec la censure radiophonique, très probablement en raison des gémissements plus qu'explicites sur le final. Provocation évidente mais tendre et non dénuée d'un certain humour alors pourquoi ne pas en rajouter une couche ? Voici donc 'Go go dancer' hommage boogie rock à un strip-teaser avec évocations décomplexée ('Ton vieux jeans moule tes cuisses, tes lèvres gonflent, je suis au supplice') sur laquelle Alain Kan mène une fois encore le bal d'une voix charismatique et décadente à souhait. Dédicace à l'Alcazar de Paris, la reprise de 'Falling in love gain' qui clôt ce disque témoigne de l'aspect le plus avant-gardiste de l'artiste...A capella avec accent anglais volontairement catastrophique, elle glisse ensuite vers une valse ivre sur laquelle se greffe un piano désaccordé et des aboiements...Baisser de rideau, on envoie balader le chapeau claque, histoire de roter sa dernière gorgée de champagne avant de jeter la coupe par dessus son épaule...La France de 1975 n'était pas prête, elle ne le sera jamais.

note       Publiée le mercredi 23 mars 2011

Dans le même esprit, Shelleyan vous recommande...

David Bowie - Young americans

David Bowie
Young americans

David Bowie - Ziggy Stardust and the Spiders from Mars - The motion picture soundtrack

David Bowie
Ziggy Stardust and the Spiders from Mars - The motion picture soundtrack

Jad Wio - Contact

Jad Wio
Contact

je suis certains qu'ils sont fans de Kan...

Roxy Music - Stranded

Roxy Music
Stranded

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Et Gary Cooper s'éloigna dans le désert..." en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Et Gary Cooper s'éloigna dans le désert...".

notes

Note moyenne        3 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Et Gary Cooper s'éloigna dans le désert...".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Et Gary Cooper s'éloigna dans le désert...".

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

je remonte d'un boulet.

Note donnée au disque :       
(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
avatar

"Pas si facile l'ami de quitter sa maison…"

ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

c'est pas mal introspectif mais effectivement par moment la forme n'est pas maitrisée et une grande naiveté ressort du tout...bon pour du glam c'est largement au niveau....(Il gueule bien au moins une fois effectivement. )

Note donnée au disque :       
Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
avatar

Musicalement celui-ci est mieux...Niveau texte et chant, 'Heureusement en France on ne se drogue pas' est beaucoup plus poussé. Plus colérique et moins sensuel, je dirais...

ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

je ne sais pas s'il est aussi sulfureux qu' "Heureusement en France on ne se drogue pas" qui est deja pas mal osé.

Note donnée au disque :