Voice of Eye › Primaera

Une descente - ou un éveil ? - dans le cerveau reptilien, voilà comment commence cette aventure dans l'utopie organique et sauvage qui ouvre Primarea. Une ambiance fantasmagorique, irréelle, peut-être d'un autre univers nous scotche au sol tout du long de cette promenade dans une jungle peuplée de créatures ma foi peu familières. Au plus proche pourrait-on reconnaître les sifflements des bestioles qui peuplent la planète aux trois soleils du film Pitch Black ; ou, dans le domaine musical, aux couinements extraterrestres qui hantent le 'Dolleater' sur le Find Candace de Venetian Snares. Voilà pour les organismes. C'est qu'il faut bien parler du paysage, à présent, qui sort de tout référent musical, et ce même chez Voice of Eye lui-même. C'est plutôt à un field recording en pleine Planète Sauvage que l'on pense, une fois plongé dans le noir, le son poussé au maximum. Le sol respire, s'étend, chante en de très souples vocalises étirées électroniquement et judicieusement laissées en retrait tandis que l'on se surprend à écouter le bruit du sol qui gronde sous les pieds des entités qui le peuplent. On n'est pas à l'abri de soulèvements telluriques retournant ciel et terre comme sur la collaboration avec Life Garden, ici dans un registre plus abstrait, bruitiste et assommant dont on ne ressort pas indemne malgré l'évidente grâce de l'ensemble qui ne s'adonne jamais aux écueils de l'exercice de l'improvisation. Leur son touche ici au plus près de leur interprétation du vivant en tant que matière brute, tout en conservant cette esthétique délicate qui a toujours fait leur marque de fabrique.