Wumpscut › Boeses junges Fleisch

'God failed' affirme Rudy le regard méchant à l'intérieur du livret. Cette affirmation couplée au titre s'avèrera prophétique puisque deux ans plus tard un couple d'allumés dévoués à ce bon vieux Satan ne trouvera rien de mieux que de massacrer un collègue de travail de monsieur de la plus horrible des manières. Dans le macabre appartement décoré d'un cercueil, de masques avec des cornes et autres menottes pendant du plafond, des petits malins noteront la présence d'un autocollant :Wumpscut: sur une porte...Heureusement, nous ne sommes pas aux USA et les Allemands savent que lorsque des jeunes gens débloquent, ce n'est pas la musique qui est coupable et la controverse se verra étouffée dans l'oeuf. Le projet est alors dans une forme olympique et ne cesse de pondre des chefs-d'oeuvre, 'Music for a slaughtering tribe', 'Bunkertor 7' puis 'Embryodead' débarquent et mettent le feu au dancefloor grâce à un savant dosage d'EBM, d'indus et de dark wave...De l'agressivité, de l'audace mais de la mélodie également, des vrais morceaux qu'on peut fredonner dans son bain ou sur la piste en s'éclatant. Ce nouvel opus débute d'ailleurs plutôt efficacement, bien que dans la sécurité: percussions hachées, nappes, vocaux agressifs pour 'Wolf', accords de guitare sèche, synthé aérien en intro (histoire de tromper) puis enchaînement sur un EBM puissant pour 'Totmacher'. Un brin plus léger, 'Ich will dich' reste rythmé et efficace même si notre Teuton ne prend pas beaucoup de risques. 'Violent', 'Flucht' oeuvre dans une voie proche de ce que l'on qualifie aujourd'hui d'aggrotech, sauf que là, il y a un vrai travail sur les sons, les effets, de petites nappes inquiétantes en arrière-fond et que le 'boum boum' ne prédomine pas. Avec 'Zerstoerte Traeume', il s'offre même quelques expérimentations breakbeat qui tiennent le cap; tout va bien, les hits s'enchaînent, ça reste inventif même si un cran au dessous des productions précédentes...Les choses se compliquent un chouia à partir de l'instrumental (moyen) 'Hexentanz'. Le titre d'après, plus apaisé car parsemé de samples de voix et de violon, est lui aussi dépourvu de chant...Bon, deux instrumentaux...très bien mais c'est comme s'ils avaient cassé une certaine dynamique car tant 'Ewig' que 'Vergib mir' vont s'avérer pénibles, plats, sans efficacité, du :Wumpscut: tiraillé entre EBM et indus mais sans grande inspiration. 'Sag es jetzt' apporte une touche de lumière avec une ambiance moins lourde et des vocaux féminins. Pas mal mais on déjà entendu beaucoup mieux et l'ennui pointe le bout de son nez. Arrive la fin, encore un instrumental, plus ambient, totalement dispensable, parfait exemple de remplissage. Le bilan s'avère plutôt mitigé: quatre compositions en trop en étant gentil, trois instrumentaux sur onze pièces...Si 'Boeses junges Fleisch' propose encore des restes croustillants, il n'en reste pas moins le premier faux pas d'une série sans tache. On ne peut pas gagner à tous les coups.