Darshan Ambient › A Day Within Days

Rural est le premier terme qui me vient à l’esprit en écoutant ce dernier opus de Darshan Ambient, alias Michael Allison. La pochette et la musique trempent dans cette étrange fusion folk tribal et New Age avec une sombre ambiance de grisaille qui plane avec ses tristes et mélancoliques strates de synthé/guitares. Michael Allison est un multi instrumentaliste américain qui roule sa bosse depuis les années 70 dans des domaines musicaux aussi progressifs qu’expérimentaux. Après quelques années de silence il monte son propre studio au début des années 90 et réalise près de 10 albums de musique électronique, ambiante et expérimentale qu’il vend sur des plateformes de téléchargement tel que Mp3.com et IUMA. En 2004 il signe avec le label Lotuspike où il réalise 3 albums depuis. Dédié à la mémoire de son grand ami et mentor Juan (Naux) Maciel, décédé en Février 2009, A Day Within Days est un album sombre mais mélodieux empreint d’une étrange tristesse et qui s’écoute comme on pleure un cher disparu. Une surprenante aventure musicale qui dépasse les frontières de la MÉ conventionnelle.
De délicats arpèges carillonnés, aux doux tintements de xylophones des îles des Caraïbes, ouvrent l’intro de Talking Book. Une fine ligne de basse et un mélancolique piano épousent la fluidité de ces accords, joints par une suave chorale enfantine. Minimalisme, l’art de Darsha Ambient est en constant ressourcement avec l’ajout d’instruments et de sonorités électroniques qui enveloppent des structures aux lents déploiements, mais avec une vigoureuse progression animée. Ainsi des percussions feutrées apparaissent, suivies de bonnes frappe de percussions, prélude à de torrides solos de guitares qui tourbillonnent et plongent Talking Book dans un curieux univers tribal éclectique avec de bonnes atmosphères qui ne sont pas sans rappeler l’univers musical de Patrick O’Hearn. Une influence qui se fera plus sentir sur One Moon Shows In Every Pool qui jouit encore d’une délicate ouverture aux accords limpides, traversées par de fines lamentations d’une six-cordes solitaire. Entre ses strates et ses violons chimériques à saveur orientale, One Moon Shows In Every Pool emprunte une tangente un peu plus dramatique avec ses coups d’archets mellotronnés et son violon aux larmes chinoises qui déchirent une tendre ambiance légèrement assaisonnée par de délicates percussions et des strates de guitares qui survolent un beau titre triste. Des percussions tribales ouvrent les premières mesures de A Deeper Blue. Un superbe titre où les accords d’un piano nostalgique se perdent dans les larmes d’une guitare aux couches oniriques. A Deeper Blue, tout comme The Lotus Eaters et son piano qui embrasse les strates de violon mellotronné, The Dreamer Slept But Did Not Dream et ses accords de piano errant en pleine mélancolie ainsi que le tendre et poignant A Day Within Days qui enivre avec son piano dont les accords se perdent dans les tristes brumes hachurées des synthé mellotronnés, sont de splendides perles d’une tendresse et d’une triste sensibilité qui survole cet album d’une sombre fragilité qu’est A Day Within Days.
Now Sleeps The Crimson Petal prend vie sur des percussions tablas qui battent une douce mesure sous un ciel parsemé de délicates stries provenant soit d’une guitare ou d’un synthé. Des strates lentes et flottantes qui ponctuent l’univers de A Day Within Days, l’arrosant d’une sombre ambiance de tristesse. Le rythme est léger, croisant les racines du country folk avec son violon aux longues et vivantes striations et sa guitare qui s’y colle. Des percussions plongent Now Sleeps The Crimson Petal une rythmique plus lourde mais toujours pondéré avec une étrange fusion voix, orchestrations et brumes mellotronnées qui sont des éléments clés dans la construction des titres de A Day Within Days. Après cette longue litanie au recueillement et à la tristesse The Long Rain apparaît comme une ode à la vie, une musique poétique dans le crépuscule des partis. Un titre plus vivant où les accords de guitare acoustique et de claviers tambourinent un délicat tempo frénétique, alors qu’une douce brume mellotronnée entoure cette procession minimaliste aux accords frivoles, pavant la voie à un délicat piano qui susurre une tendre mélodie, respirant une joie de vivre. Certes il y a encore ses strates qui gémissent, mais ce sont des larmes d’un bonheur qui soulage du mal tenaillant pour ceux que l’on pleure. Un peu comme sur Talking Book, The Long Rain explose sur de bonnes percussions et des riffs de guitares qui se perdent dans les strates violonées et une superbe ambiance de bonheur qui prend la relève après des jours de tristesse. It’s You est un autre titre dans la même veine que Talking Book et The Long Rain. Un titre chanté par Michael Allison et qui chante un peu comme Peter Gabriel ou David Sylvain sur une structure de country folk aux effluves d’un sombre New Age.
Quoique fort différent de la MÉ conventionnelle, j’ai bien aimé A Day Within Days de Darshan Ambient. C’est à la fois triste, sombre, plein de grisaille mais beau à fendre les sourires épuisés. C’est un album d’une étonnante tristesse qui va chercher des sentiments longtemps enfouis et qui ressurgissent avec un étrange clin d’œil à la vie. Le genre qui fait dire; Salut l’ami, tu es et sera toujours dans mes pensées.