Lestat › Vision of sorrow

Lestat n'a pas fait partie de ces groupes que j'ai appréciés du premier coup. C'est toujours le problème avec un nom aussi connoté, le public se montre encore plus exigeant et l'aspect tranquille , brumeux, du rock gothique de ce quatuor américain m'a d'abord laissé sceptique. Je ne sais pas, j'attendais quelque chose de plus fougueux, de plus décadent...Au lieu de cela, Lestat nous propose une musique assez lente, froide, monocorde dans les vocaux, dépouillée dans des arrangements dans lesquels la batterie (électronique probablement), pourtant assez répétitive, occupe le premier plan. Tout le reste est planqué en second, le chant mélancolique puis, en retrait encore, les guitares cristallines et hivernales nappées de clavier...Plutôt que noire, la musique de Lestat est grise, d'un gris désolé et silencieux, hypnotique à force d'horizon voilé. C'est là sa force comme me l'a appris le génial 'Realm' découvert sur un volume de 'What sweet music they make', morceau que je puis m'écouter en boucle tant son feeling menaçant et tranquille m'obsède. C'est là sa faiblesse également car il faut bien l'avouer, ce disque manque quand même d'énergie. Si l'on excepte les bons 'Baptism' et 'Irrelevance', ou encore 'Falln angel', plutôt dynamiques, la plupart des compositions sont lentes, voir parfois un brin lassantes, ainsi 'Vision of sorrow' qui nous joue le coup de la récitation mystérieuse sur lit de guitares en larmes ou 'Wind of spirit' celui du piano automnale en guise de final instrumental. C'est en quelque sorte le dilemme de ce disque qui peut évoquer tant un spleen brumeux aux limites de l'étouffement qu'un ennui profond et uniforme...3,5/6